Quelques centaines de sympathisants des Bonnets rouges se sont rassemblés samedi en fin d'après-midi, à Brest et Nantes, pour signifier de manière symbolique la continuité territoriale de la Bretagne, du Finistère à la Loire-Atlantique.
« Réunification, pas la fusion » scandaient notamment à Nantes quelque 250 personnes, selon la police. Ou encore, en breton : « Naoned e Breizh » (« Nantes en Bretagne »). Ils faisaient allusion au projet de réforme territoriale qui envisagerait un simple regroupement de Régions, sans les redécouper. Actuellement, la Loire-Atlantique est rattachée à la Région Pays de la Loire, bien qu'elle appartienne à la Bretagne historique dont les manifestants réclament la réunification, ce qui implique le découpage de la Région Pays de la Loire.
« On a une fenêtre historique. La Loire-Atlantique a été enlevée à la Bretagne sans nous demander notre avis. [...] La seule solution est un redécoupage des Pays de la Loire. [...] Il n'est pas question de laisser faire n'importe quoi, comme une fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire », a notamment déclaré aux journalistes Paul Molac, député du Morbihan, apparenté Union démocratique bretonne (UDB).
Les militants ont déployé une chaîne de quelques dizaines de mètres qu'ils ont déroulée, depuis les grilles de la préfecture jusqu'au cours des 50 otages, une des principales artères de Nantes. « On s'est enchaînés aux grilles de la préfecture car on considère qu'on est pris en otages », a expliqué une jeune femme, Déborah. « Le PS s'est pris une claque aux européennes. On s'attendait à ce qu'il écoute du coup un peu plus les citoyens et on se rend compte que ce n'est absolument pas le cas. On n'est pas écoutés », a-t-elle ajouté. Des représentants de l'usine Seita de Carquefou (Loire-Atlantique), qui emploie 327 personnes et dont la fermeture prochaine a été annoncée, étaient dans la manifestation avec une banderole, « Tous avec Seita ».
A Brest, les quelque 150 manifestants, précédés d'une grande banderole « 44=BZH » (44 est le numéro d'immatriculation du département de la Loire-Atlantique, BZH est une abréviation de « Breizh », qui signifie Bretagne en breton), scandaient notamment : « Loire-Atlantique, pays breton, Pays de la Loire, pays bidon ».
Outre des Bonnets rouges, parmi lesquels l'un de leurs porte-parole, Christian Troadec (DVG), maire de Carhaix (Finistère), étaient également présents des militants de l'UDB (gauche), du Parti breton (centre-droit) et de l'association Bretagne réunie, qui milite depuis des décennies pour le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne.
« Le mois de juin va être déterminant. [...] Pour nous, la réforme territoriale doit passer par la réunification de la Bretagne tout de suite, sans attendre une hypothétique réforme complémentaire », a notamment déclaré Christian Troadec. « La semaine prochaine, de nouvelles actions seront annoncées. [...] A chaque coup dur contre la Bretagne, il y aura d'autres actions qui pourront s'étendre à l'ensemble de la Bretagne », a-t-il ajouté.
Le collectif « 44=BZH » a appelé à un rassemblement mardi en fin de journée, après les annonces du président de la République sur la réforme territoriale, en premier lieu devant les préfectures de Brest et Nantes.
Les Bonnets rouges avaient prévenu que les deux rassemblements de samedi seraient des rassemblements symboliques, organisés dans l'urgence, à la veille des annonces présidentielles sur la réforme territoriale. « Une Bretagne forte à cinq départements avec relocalisation des décisions politiques » est l'une des 11 revendications qui ont émané des états-généraux, organisés au début de mars à Morlaix (Finistère), par le collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne, à l'origine du mouvement des Bonnets rouges. Parmi les autres revendications figurent notamment « la suppression définitive de l'écotaxe » et « la fin du dumping social ».
Par ailleurs, une cinquantaine de Bonnets rouges se sont également rassemblés à Jugon-les-Lacs (Côtes-d'Armor), à proximité d'un portique écotaxe non loin duquel un radar avait été incendié en novembre 2013, lors d'une manifestation contre l'écotaxe.