Sécheresse et chaleur en avril, pluies excessives en mai et juin: ce cocktail météorologique aura été préjudiciable aux cultures d’hiver qui pourtant promettaient. Malgré une maturité précoce, les récoltes ne sont finalement pas si en avance et parfois encore retardées par les dernières précipitations. Les situations où les moissonneuses ont du mal à pénétrer dans les parcelles ne sont pas rares.
En céréales, les rendements sont décevants un peu partout et surtout très hétérogènes selon les orages, les types de sol, les variétés et le contrôle des maladies, notamment la rouille brune très présente cette année sur blé. L’année est aussi caractérisée par une grande faiblesse des poids spécifiques (PS) qui va entraîner des réfactions pour bon nombre d’agriculteurs.
En cause, le remplissage des grains qui a été limité par les pluies, la verse et les maladies. En revanche, les protéines sont souvent supérieures à 12%, et les temps de chute de Hagberg satisfaisants avec quelques inquiétudes pour les blés pas encore moissonnés. Ces résultats médiocres devraient être en partie compensés par la très bonne tenue des cours.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, les récoltes n’ont presque pas commencé alors qu’en Picardie, les blés sont coupés à 50%. Les rendements oscillent entre 78 et 80 q/ha, soit une baisse de 10%. Les PS restent dans la norme. Les escourgeons sont décevants, inférieurs à 80 q/ha, à cause des casses d’épis. La qualité brassicole est moyenne.
La collecte de blé est moins avancée en Normandie. Les premiers rendements sont moyens, à 80 q/ha, avec des PS faibles. Les orges d’hiver ont souvent été récoltées en surmaturité. Les rendements sont moyens et hétérogènes et la qualité pêche avec des PS à 60 kg/hl.
Les chantiers progressent doucement en Bretagne, où les cultures arrivent à surmaturité. Les orges présentent des casses d’épis, à 55-60 q/ha. En blé, quelques cas de germination et de fusariose ont été observés. Le rendement avoisine 60-65 q/ha et les PS 70-72 kg/hl.
En Ile-de-France, les rendements varient entre 60 et 85 q/ha, et sont un peu inférieurs au potentiel habituel. Les PS sont corrects. Les orges sont dans la moyenne.
Casses d’épis en orge
En Champagne-Ardennes, la jaunisse a fait des dégâts sur blé où les rendements se situent autour de 80 q/ha et les PS atteignent juste 76 kg/hl. Le rendement et la qualité des orges d’hiver brassicoles sont satisfaisants, entre 78 à 88 q/ha. Les premières orges de printemps sont décevantes (50 et 55 q/ha) avec un taux de protéines supérieur à 12%.
En Alsace-Lorraine, la moisson n’est pas terminée mais les premiers résultats en blé se situent 10 q/ha en dessous d’une année normale (57 à 70 q/ha). Les PS et le temps de chute de Hagberg sont limites. En orge d’hiver, des pertes d’épis par surmaturité font chuter les rendements autour de 55 q/ha.
En Bourgogne et Franche-Comté, les récoltes qui se terminent donnent des rendements hétérogènes entre 10 et 20 q/ha en deçà de la normale sauf dans l’Yonne. En blé, la présence de jaunisse a entraîné des rendements entre 60 et 75 q/ha. Les PS et les Hagberg n’atteignent pas toujours la norme. En orge d’hiver, les rendements varient de 50 à 70 q/ha. Les orges de printemps présentent une qualité médiocre avec un faible calibrage et un taux de protéines supérieur à 12%.
Dans le Centre, où plus des deux tiers des blés tendres sont récoltés, les rendements varient entre 65 et 75 q/ha, inférieurs aux années normales. La rouille et la jaunisse nanisante ont été très présentes. Là encore les PS sont très inférieurs à d’habitude. Les blés durs sont aussi décevants, entre 50 et 60 q/ha, et la qualité très hétérogène. Quant aux orges, les résultats sont en dessous des espérances: de 65 à 70 q/ha en escourgeons, moins de 60 q/ha pour les brassicoles de printemps.
Blés durs décevants
Les récoltes de blé ne sont pas tout à fait terminées dans les Pays de la Loire. Les PS atteignent rarement les normes et les rendements ne devraient pas dépasser les 60 q/ha. La fusariose n’a pas toujours été bien maîtrisée. Les orges d’hiver, qui ont subi des pertes d’épis, ont des rendements (55-60 q/ha) et des PS (58-62 kg/hl) décevants.
Les récoltes se terminent en Poitou-Charentes. Les orges d’hiver présentent des rendements moyens (60-65 q/ha). Pour les brassicoles, le taux de protéines, proche des 12%, inquiète. Les orges de printemps sont très décevantes. En blé tendre, une dizaine de quintaux manque à l’appel (55-65 q/ha) et les PS sont situés entre 72 et 74 kg/hl. Les blés durs sont moyens.
En Auvergne, les pluies de la fin de semaine dernière ont ralenti la récolte des blés déjà bien mûrs et versés. Les parcelles déjà moissonnées présentent des rendements 20% inférieurs à une année normale et des PS assez bas. Les attaques de fusarioses ont été importantes. Les orges d’hiver ont souffert de la jaunisse et les rendements plafonnent à 45 q/ha.
En Rhône-Alpes, les blés durs n’ont pas déçus, entre 50 et 60 q/ha, avec des PS de 78 kg/hl. Les résultats en blé tendre et orge d’hiver connaissent, en revanche, une baisse de 10 à 20% par rapport à la normale. Les PS varient de 73 à 75 kg/hl pour le blé et de 63 à 68 kg/hl pour l’orge.
En Aquitaine, les récoltes de blé tendre ne sont pas terminées. Les rendements sont très hétérogènes (40 à 75 q/ha) et le PS atteint péniblement les 75 kg/hl. Les orges d’hiver avoisinent les 50 q/ha et ont souvent été récoltés à 15 ou 16% d’humidité.
En Midi-Pyrénées, la collecte est en baisse de 20%. Les blés tendres culminent à 40 q/ha avec des PS inférieurs à la norme. La situation n’est pas meilleure en blé dur avec des rendements de 35 q/ha en moyenne. Les orges sont un peu faibles.
En Languedoc-Roussillon et en région Paca, les rendements et les PS de blé dur sont un peu en deçà d’une année normale. En orge d’hiver et en blé tendre, les rendements sont corrects grâce à une faible pression maladie.
Nouvelle déception en colzaLes colzas sont en grande partie récoltés. Seules les régions du Nord-Ouest situées en bordure maritime doivent toujours battre les derniers hectares. Les résultats sont, comme l’an passé, souvent jugés décevants et de 5 à 10 q/ha ont généralement été perdus à cause des conditions climatiques. Dans le sud du territoire, les rendements oscillent entre 20 et 25 q/ha, et entre 30 et 35 q/ha plus au nord. La floraison a été perturbée par le coup de chaud d’avril et les fortes précipitations de mai et juin avec leur cortège de maladies (sclérotinia, oïdium, alternaria...) n’ont fait qu’aggraver les choses. Pour finir, l’alternance de pluie, de soleil, et la présence de vent et de grêle en fin de cycle ont provoqué des pertes par égrenage. Dans ces conditions, les hybrides semblent tirer leur épingle du jeu. Le pois continue de décevoir dans beaucoup de situations. |
Production: les estimations d'Arvalis et de l'OniGCD'après un communiqué d'Arvalis et de l'OniGC (Office national interprofessionnel des grandes cultures) publié jeudi, le rendement moyen national en blé tendre devrait se situer autour de 69 quintaux par hectare. La production nationale pourrait être inférieure à 34 millions de tonnes. En orge d'hiver, le rendement moyen est évalué à 62 quintaux, soit 4 quintaux de moins que l’an dernier et la production à 7,4 millions de tonnes, en diminution de 5%. La production d'orge de printemps est estimée à 2,6 Mt. En blé dur, le rendement moyen national, en recul d’environ deux quintaux par hectare, est voisin de 45 quintaux et la production, semblable à celle de l’an dernier, reste aux alentours de 2 millions de tonnes. |