Près de 300 producteurs de lait d'Europe ont manifesté lundi devant le bâtiment du Conseil de l'Union européenne à Luxembourg pour dénoncer le projet d'augmentation des quotas laitiers à partir de 2009 et réclamer des prix de vente «décents» pour le lait.
«Non à la réduction de 25% du prix du lait», scandaient les manifestants, rassemblés devant le bâtiment où étaient réunis les ministres européens de l'Agriculture.
Les producteurs, venus surtout d'Allemagne, de France, des Pays-Bas, d'Autriche, de Belgique et du Luxembourg, dénonçaient les propositions de la Commission européenne de relever les quotas laitiers d'un point de pourcentage par an entre la campagne 2009/2010 et la campagne 2013/2014, afin d'«amortir le choc» de la disparition totale des quotas prévue en 2015.
Ils répondaient à l'appel du European Milk Board, qui regroupe 14 organisations de producteurs de lait en Europe, dont l'OPL en France (Organisation des producteurs de lait, affiliée à la Coordination rurale).
Quelque 180 tracteurs bloquaient aussi en partie l'accès au quartier du Kirchberg où se trouve le bâtiment du Conseil.
«Notre objectif est d'obtenir des prix du lait qui couvrent les coûts et pour arriver à cet objectif, il nous faut un système de régulation qui soit souple et efficace», a déclaré l'Allemand Romuald Schaber, président du European Milk Board. Il a rappelé que l'organisation demandait un prix de 40 centimes par litre de lait.
«Nous sommes contre cette augmentation des quotas car nous sommes convaincus que le marché ne sera pas en mesure d'assimiler des volumes supplémentaires», a-t-il souligné.
Ces propositions de relèvement des quotas, prévues dans le cadre du bilan de santé de la Pac, sont critiquées par certains pays, notamment l'Allemagne et la France.
Tout en reconnaissant que la France, qui préside l'UE, est minoritaire sur ce dossier, le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a souligné lundi qu'il n'accepterait pas la suppression des quotas «sans prendre des précautions et des mesures d'accompagnement pour assurer et conforter la production laitière, notamment dans les zones fragiles».
Sur le relèvement graduel des quotas proposé à partir de l'an prochain, il a là aussi prôné une gestion de la production «avec des précautions», d'autant que «nous voyons plus que des signaux de retournement de ce marché à l'heure actuelle».
Face à ceux qui prônent plus généralement une forte réduction des mécanismes de régulation du marché et de subventions prévus par la Pac, il a souligné une fois encore qu'on ne pouvait pas «laisser l'alimentation en général et la production laitière en particulier à la seule loi du marché».
Il a ajouté que l'agriculture, «au coeur de l'économie réelle», devait être soutenue avec «une politique d'accompagnement et un budget».
Les ministres de l'UE doivent discuter des quotas laitiers mardi à Luxembourg, avant de prendre une décision lors de leur réunion des 18-19 novembre à Bruxelles.