Le Parlement européen a adopté mercredi un projet de loi sans précédent sur la protection des sols contre les effets du changement climatique et la pollution, qui prévoit notamment de recenser les sites potentiellement contaminés dans toute l'UE.
La législation communautaire en matière de déchets, de produits chimiques, d'agriculture ou de qualité des eaux prend déjà partiellement en compte la protection des sols, mais le texte voté mercredi en première lecture (et donc susceptible d'être encore amendé) propose aux vingt-sept Etats membres de se mettre d'accord sur un cadre commun pour assurer la pérennité de cette ressource naturelle.
«Sur les vingt-sept Etats membres, seuls neuf ont une législation portant sur la protection des sols», a relevé le rapporteur du Parlement, la conservatrice espagnole Cristina Gutierrez-Cortines.
Le texte donne cinq ans aux Vingt-Sept pour déterminer des «zones prioritaires» nécessitant une protection particulière contre les défis posés par le changement climatique, tels que l'érosion, la salinisation, la désertification ou l'acidification des sols.
Il souligne aussi le rôle de la reforestation dans la lutte contre les émissions de CO2.
Des stratégies de protection des sols doivent être élaborées dans les sept ans à compter de la mise en oeuvre de la directive, même si le choix des méthodes est laissé à la libre appréciation des Etats membres.
Le texte est désormais dans les mains des Vingt-Sept, très divisés sur le sujet. Il a déjà fait l'objet d'un fort lobbying de la part des représentants des agriculteurs et des industriels – pas moins de 150 amendements ont été déposés.
Les agriculteurs européens ont ainsi appelé les eurodéputés à rejeter purement et simplement le texte. «Pour ce qui est de l'agriculture, cette nouvelle initiative législative ne constituera qu'une complexification inutile», a argué le secrétaire général du comité des organisations professionelles agricoles de l'UE, Pekka Pesonen.
Quant aux Verts, ils sont déçus du texte. La Française Marie-Anne Isler-Béguin juge ainsi «regrettable que les députés aient affaibli une proposition initiale de la Commission déjà peu substantielle», tout en reconnaissant que «le résultat aurait pu être pire».