Plusieurs milliers d'agriculteurs européens, en particulier des producteurs de lait venus notamment de France, d'Allemagne et de Belgique, ont manifesté lundi à Luxembourg à l'appel de plusieurs syndicats européens pour protester contre la chute des prix, en marge d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture. Des échanges violents ont été relatés.
La police a fait état d'«un peu plus de 3.000 manifestants» venus de la France, de l'Allemagne, de la Belgique et du Luxembourg, tandis que les organisateurs de la fédération agricole européenne Copa-Cogeca et de la Fédération européenne des producteurs de lait (European Milk Board, EMB) parlaient de 5.000 protestataires.
Ces derniers, venus avec quelque 300 tracteurs, entendaient notamment dénoncer la chute des prix du lait du fait de la crise économique, qui met, selon eux, l'existence des producteurs en danger.
Ils se sont d'abord rassemblés sur une esplanade près du lieu d'une réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE, puis un groupe de 300 manifestants a essayé de rentrer de force dans le bâtiment. Ils en ont été finalement évacués par des policiers en tenue anti-émeutes.
Les manifestants, qui ont jeté des oeufs, des canettes vides et des bouteilles en plastique sur les forces de l'ordre, ont ensuite bloqué les accès du lieu de la réunion avec leurs tracteurs.
Certains ont mis le feu à des pneus, des bottes de paille ou des poubelles. D'autres ont investi un hypermarché tout proche, dont ils sont ressortis avec des palettes de bouteilles de lait qu'ils ont distribuées aux passants ou jeté sur les policiers.
Selon un porte-parole de la police locale, deux manifestants ont été très légèrement blessés lors des échauffourées, dont l'un par un «spray» repoussant utilisé par les forces de l'ordre.
Vers 16h30 GMT, la situation était redevenue à peu près calme, mais la circulation dans la ville de Luxembourg restait très perturbée par des opérations "escargot".
La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, a dénoncé les débordements. «Il est très regrettable qu'un petit groupe de fauteurs de trouble empêchent les organisateurs de faire passer leur message», a-t-elle dit. «J'aimerais bien avoir une baguette magique» pour résoudre les difficultés des producteurs de lait, «mais ce n'est pas le cas», a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.
Les producteurs de lait manifestent depuis plus d'un mois pour obtenir des aides et un relèvement des prix, via notamment une limitation de la production dans l'Union européenne et une remise en cause de la politique suivie aujourd'hui.
L'UE s'est engagée dans une politique de libéralisation du secteur passant par un relèvement progressif des quotas laitiers.
Pour la Commission, la crise n'est pas liée aux quotas trop élevés mais à une demande insuffisante des consommateurs. Et Mme Fischer-Boel s'en est prise implicitement aux pays comme l'Allemagne ou la France qui continuent à critiquer le relèvement déjà décidé des quotas. «Il est dangereux et irresponsable de susciter des attentes irréalistes sur ce que nous pouvons faire», a-t-elle dit.
Les agriculteurs, eux, accusent la commissaire. «Elle cherche à faire crever les petits producteurs pour ne plus avoir que de grandes structures de production. Ce n'est pas l'agriculture que nous voulons», a déploré Thierry Poncelet, de la FDSEA de la Marne, cité par l'AFP.
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