Au cours du premier trimestre de 2008, la hausse du prix du lait pourrait bien dépasser les 100 €/1.000 litres. Du moins si l’accord interprofessionnel (qui fixe les recommandations de variation du prix) est respecté. Les syndicats de producteurs estiment tous que cette hausse est incontournable pour remotiver les éleveurs, avant que le lait ne devienne une denrée rare.
«Nous nous félicitons de cette nouvelle, elle était absolument indispensable pour les producteurs, souligne Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). D’après l’Institut de l’élevage, il faudrait même des augmentations du prix du lait de 80 à 150 €/1.000 litres, selon le système de production, pour maintenir les marges.»
Alors que la sous-réalisation nationale pour la campagne en cours pourrait atteindre un million de tonnes, «nous nous trouvons à un moment clé pour ramener le prix du lait à un niveau rémunérateur, complète-t-il. Les industriels en sont conscients: s’ils n’accordent pas des hausses conséquentes, la production laitière reculera en France».
Après tout, «ces hausses sont d’une ampleur toute relative, dans la mesure où toutes les fournitures qui servent à fabriquer ce lait – aliments du bétail, fioul, engrais, etc. – se renchérissent aussi», souligne pour sa part Yves Leperlier, de la Confédération paysanne.
D’ailleurs, le coup de pouce de 100 €/1.000 litres visé en janvier prochain ne suffirait pas à amener le prix lui-même à 400 €/1.000 litres.
«Ce montant n’est pas utopique, revendique Jean-Louis Naveau, président de l’Organisation des producteurs de lait. Si les laiteries veulent du lait, elles doivent mettre en place une vraie politique de prix, et non des mesurettes, comme déplafonner les prêts de quotas. Il s’agit d’un juste retour, après que nous avons mis la main à la poche pour payer leur restructuration!»
Pour pérenniser ces augmentations aux producteurs, «il est indispensable que les transformateurs les répercutent sur l’aval, rappelle Henri Brichart. Nous serons derrière eux dans les négociations avec la grande distribution».
En effet, Leclerc, Super U et Casino rechignent devant une addition qui augmente de 12 à 20%. S’ils souhaitent conserver leurs marges, ils devront la répercuter. Mais ils craignent que les consommateurs tiquent si les yaourts brassés ou le camembert grimpent de 15%.
Pour l’instant, tout va bien, «les hausses obtenues sont à deux chiffres», glisse un transformateur. Mais une augmentation de 100 €/1.000 litres (encore non confirmée) donne des sueurs froides aux industriels car le climat politique n’est pas propice à des revendications à la hausse, avec un président de la République qui affirme régulièrement vouloir préserver le pouvoir d’achat des Français.