L'avancée obtenue jeudi par les éleveurs sur la hausse des prix du lait reste à confirmer lors des négociations la semaine prochaine entre producteurs et industriels (entreprises privées et coopératives) qui ne veulent pas céder sur l'écart de compétitivité entre la France et l'Allemagne.
Interrompues depuis près d'un mois, les négociations entre éleveurs et laiteries devraient reprendre pour aboutir d'ici la fin de la semaine prochaine.
Une première victoire pour les producteurs qui ont décidé de lever l'appel au boycott de certains produits.
Les industriels sont toutefois restés fermes sur leur position: pas de hausse des prix sans engagement sur une réduction de l'écart des prix entre le lait français et allemand, moins cher.
Chaque partie a toutefois fait un pas. Les entreprises ont accepté que soit reporté de quelques mois le « réajustement » du prix français sur l'allemand, tandis que les producteurs ont consenti à la création de ce critère.
« La piste de travail sur laquelle nous nous sommes engagés à travailler et à aboutir consiste à la mise en place d'un indicateur de compétitivité avec l'Allemagne au 1er janvier 2011 », a déclaré Dominique Chargé, président de la fédération nationale des coopératives laitières (FNCL).
En attendant pour le dernier semestre 2010, l'accord du 3 juin fera référence, a-t-il ajouté.
Les éleveurs entendent profiter de la reprise sur les marchés mondiaux, surtout après avoir subi une année 2009 « catastrophique » avec une baisse de plus de 50% de leurs revenus.
Dominique Chargé pose toutefois ses conditions: outre un accord sur un critère pour gérer la compétitivité franco-allemande, la hausse pour 2010 ne sera accordée que si l'interprofession trouve un terrain d'entente sur la contractualisation et la gestion des volumes de production.
Selon lui, ces paramètres sont indispensables pour donner de la lisibilité à la filière laitière.
L'accord du 3 juin 2009, obtenu à l'issue d'une énième crise du lait, ne comportait pas ce critère de compétitivité. Mais au fil des mois le prix du lait français décrochant par rapport au lait allemand, les industriels, confrontés à de sérieux problèmes de compétitivité, avaient réussi à l'imposer. Celui-ci devait entrer en vigueur au 1er juillet pour les prix du 3ème trimestre.
L'interprofession n'a cependant jamais réussi à se mettre d'accord sur son mode de calcul, un échec à l'origine de cette nouvelle crise du lait.
« Les producteurs ont accepté que cet indicateur soit discuté pour 2011. C'est ça qui a fait avancer les discussions », a reconnu de son côté Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, qui se dit « confiant ».
Sous la pression du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, appelant jeudi matin à un accord « dans les heures qui viennent », les laiteries ont lâché du lest. Il avait demandé de procéder « par étapes »: «réglons dans les heures qui viennent la question du prix du lait pour 2010 puis ensuite regardons la question de la compétitivité avec l'Allemagne», a-t-il dit.