Après la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui a fait part mercredi dernier au ministre de l'Agriculture de ses « fortes réserves » sur une mise en place d'une indexation des prix alimentaires sur les matières premières agricoles, c'est au tour de Michel-Edouard Leclerc de réagir à cette proposition des producteurs. Et son avis est partagé.
« Le président de la FNSEA propose de faire adopter un indicateur unique par une filière et de répercuter automatiquement à chaque stade de la revente ou de la transformation un même taux de hausse aux produits concernés, écrit le patron des Centres Leclers sur son blog (www.michel-edouard-leclerc.com). [...]) Les juristes que j'ai consultés sont unanimement réticents. Pour eux, la généralisation d'une pratique d'indexation serait immédiatement interprétée comme ayant le même effet qu'une entente. »
Porte ouverte
Par ailleurs, « une indexation appliquée aux seuls produits français créerait une discrimination à rebours par rapport aux fournisseurs espagnols, allemands ou italiens », estime-t-il. Et d'ajouter une dernière critique, en forme de provocation : « Si l'on part du principe qu'il y a une bulle spéculative sur le marché des matières premières agricoles, alors indexer la hausse, c'est donner quitus à la spéculation. C'est faire payer au consommateur français le prix du maintien de la bulle ! »
Michel-Edouard Leclerc ne veut toutefois pas fermer la porte à un système d'indexation. Mais à condition de « dissocier les pratiques de la vie courante (régies par le droit de la concurrence) de la gestion de crise (qui ressort d'une régulation d'exception) ».
Il s'explique : « En temps normal, la répercussion automatique d'un indice concernant les matières premières aurait pour effet de priver les consommateurs du bénéfice d'une saine concurrence entre les fournisseurs. C'est indéniable. Mais tout le monde peut comprendre qu'en période de crise, les jeux sont faussés et les acteurs inégaux dans la gestion de cette volatilité consensuellement dénoncée. »
Lundi dernier au Salon de l'agriculture, le secrétaire général du groupe Carrefour, Pierre-Alexandre Teulié, s'était lui aussi dit prêt à « creuser » l'idée de l'indexation des prix alimentaires sur les matières premières agricoles. Encouragée par Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, l'idée fait son chemin chez les distributeurs.
Lire également :
- Prix alimentaires : les distributeurs pas favorables à des mécanismes d'indexation (FCD) (23 février 2011)
- Prix alimentaires : Bruno Le Maire pour un système d'indexation des prix sur ceux des matières premières (22 février 2011)