Devant l’urgence de la situation en production porcine, la FRSEA de la Bretagne et les Jeunes Agriculteurs de l’Ouest ont organisé jeudi une rencontre avec les abatteurs à Plérin (Côtes-d’Armor). Un seul des huit abatteurs conviés a daigné se déplacer.
«Notre objectif n’est pas de rentrer en conflit. Nous avons un intérêt commun, assure François Valy, président de la section porcine de la FRSEA. Nous devons trouver des solutions pour affronter ensemble la crise. On parle de 300 producteurs qui vont disparaître cette année, mais si on ne fait rien, c’est 300 autres l’année prochaine et au final la disparition progressive de l’outil de production à l’instar de ce que l’on constate aujourd’hui en volailles.»
Après plus de deux ans de crise, les producteurs sont à bout. «La compétitivité est liée au nombre que nous serons demain. Il en va de tout l’avenir de la filière», précise Didier Lucas, de la FDSEA du Morbihan. «L’exemple du mouton est révélateur. La diminution du nombre de producteur n’a pas eu un effet positif sur le prix.»
Les abatteurs ne vont pas bien sûr résoudre la crise mais ils sont les premiers interlocuteurs des éleveurs. «Tout le monde doit jouer le jeu, insiste Nathalie Marchand, de la FDSEA de l’Ille-et-Vilaine Si les abatteurs ne se déplacent pas, nous irons les voir.»
Les producteurs de porcs ne pourront pas supporter de nouvelles pertes en 2009. L’année est décisive. Pour permettre aux éleveurs les plus fragiles de sortir la tête de l’eau, il faudrait que le cours moyen annuel au MPB (Marché du porc breton) atteigne 1,35 €/kg pendant trois ans avec un prix de l’aliment de l’ordre de 200 €/t. Actuellement, il est de 1,192 €/kg (prix moyen sur huit mois).
Les éleveurs réclament encore une fois la mise en place, au niveau européen, des mesures de stockage privé et des restitutions. Ils demandent aux pouvoirs publics la valorisation de la viande de porc française (VPF), un accompagnement à l’exportation des entreprises avec des taux d’assurance pour garanties de paiement compétitifs. De nouveau, ils dénoncent les distorsions de concurrence entre pays européens (coût de la main-d’œuvre, réglementation environnementale, fiscale).
«En France, il est politiquement incorrect d'aider la production porcine», s’insurge Nathalie Marchand. Mais il ne faut pas oublier que derrière un élevage, il y a un producteur, une famille, le plus souvent des salariés, et des familles de salariés. Au total, ce sont 6.500 producteurs et plus de 31.000 emplois non délocalisables générés par la filière.»
Les éleveurs demandent à être soutenus au même titre que d’autres filières (automobile, secteur bancaire). C’est tout le contraire qui se passe. Taxe Borloo, taxe carbone, normes environnementales… à chaque fois une couche supplémentaire.
«La France réclame toujours plus (par rapport aux autres pays), elle doit prendre sa part de responsabilité et pallier ce différentiel». Les éleveurs en appellent aux élus, aux politiques pour une prise de conscience collective car aujourd’hui le renouvellement des générations est compromis. La filière porcine bretonne est en péril.