Les débats lors de l’assemblée générale d’Inaporc, mercredi à Paris, ont été centrés sur la compétitivité de la filière française et tous les éléments qui y concourent. Le dossier sur les biocarburants, avec l’envolée des matières premières employées en alimentation animale, a occupé une place centrale dans les échanges. «Il faut libérer nos énergies, a lancé Guillaume Roué, le président d’Inaporc, au ministre de l’Agriculture. Nous souhaitons pouvoir conserver nos positions.»
Guillaume Roué a remarqué que les pouvoirs publics prennent soins des biocarburants via une exonération partielle de la TIPP. Xavier Beulin, le président de la Fop (producteurs d'oléoprotéagineux), a bien expliqué qu’à son avis les biocarburants avaient peu d’impact sur le marché des matières premières aujourd’hui.
La salle n’en est pas moins restée inquiète et dubitative sur les évolutions à moyen et long terme. Guillaume Roué a ajouté, à l’intention de Michel Barnier, qu’il «serait injuste que les productions animales subissent les conséquences du développement des biocarburants et de leur impact sur le marché des matières premières». Le ministre a répondu qu’il nommerait un parlementaire pour étudier ce sujet.
Concernant l’équarrissage, le président d’Inaporc a demandé au ministre son soutien dans le dossier que l’interprofession doit soumettre aux autorités sanitaires européennes concernant l’élimination des cadavres à la ferme. Les tests réalisés par l’Institut du porc sont prometteurs. Cela allégerait la facture du service public de l’équarrissage qui accuse aujourd’hui, toutes espèces confondues, un déficit de 17 millions d’euros. Ce déficit, l’Office de l’élevage l’a épongé sur la campagne de 2006-2007. Le ministre a demandé aux filières de trouver une solution pour la suivante. Toutes redoutent une augmentation de la taxe à l’abattage.
Désirant montrer que la profession se prend en main, Guillaume Roué a également annoncé qu'Inaporc allait financer un système d'assurance collective sanitaire. Considérant que ce dispositif s'apparente à celui de l'assurance récolte, il a demandé le soutien des pouvoirs publics.
Enfin, le président d'Inaporc est revenu sur le dossier épineux des bassins versants bretons et des nitrates. «La France est clouée au pilori par Bruxelles, a-t-il constaté. Il y a des décisions qui sont dangereuses et qui peuvent avoir des conséquences dramatiques», a-t-il prévenu.
Michel Barnier a répondu qu'il se déplacerait ce week-end en Bretagne pour discuter avec les producteurs. Mais que dans l'état actuel des choses, «il faut faire preuve de responsabilité. Nous sommes le dos au mur. Le dossier, nous le traiterons avec les agriculteurs mais pas contre eux. Nous avons quelques semaines pour trouver la bonne solution et éviter une punition collective. Nous devons créer un climat de confiance avec la Commission pour éviter la saisine effective de la cour de justice européenne».