La maternité porcine Ker Anna de Trébrivan (Côtes-d'Armor), baptisée par ses opposants « l'usine des 1.000 truies » en référence au projet controversé de « ferme des 1.000 vaches » dans la Somme, pourra continuer à fonctionner, selon un arrêté de la Préfecture.
Le Préfet des Côtes-d'Armor a pris, le 7 octobre, un arrêté autorisant à nouveau l'exploitation de cette porcherie industrielle, qui produit chaque année 23.000 porcelets. Le précédent arrêté, datant de 2010, avait été cassé par le tribunal administratif de Rennes en juillet 2012, après un recours d'associations écologistes inquiètes notamment du risque de pollution des cours d'eau proches de l'exploitation. Le tribunal avait alors expliqué sa décision par « l'insuffisance substantielle » de l'étude d'impact « au regard de l'enjeu majeur que constitue la qualité de l'eau » et l'absence d'information nécessaire du public sur « les dangers et inconvénients du projet ». Ce jugement avait été confirmé par la Cour administrative d'appel de Nantes le 26 septembre dernier. L'élevage porcin avait toutefois pu continuer à fonctionner grâce à une dérogation préfectorale.
Le code de l'environnement est respecté
Dans son nouvel arrêté, qui s'appuie sur un avis favorable rendu par le conseil départemental des risques sanitaires et technologiques, le préfet des Côtes-d'Armor considère que « les mesures retenues par l'exploitant (...) sont de nature à satisfaire aux prescriptions réglementaires applicables à l'élevage au titre du code de l'environnement », notamment en matière d'émissions gazeuses d'ammoniac et d'épandage.
Entrée en service en 2011, à l'initiative de cinq éleveurs associés dans le projet, la maternité porcine de Ker Anna peut accueillir plus de 1.000 truies qui donnent naissance à 23.000 porcelets par an, produit quelque 5.000 m3 de lisier et rejette 7.000 kg d'ammoniac.
Pour l'association « Sous le vent, les pieds sur terre,» qui bataille depuis 2008 contre le projet aux côtés d'autres organisations locales de défense de l'environnement (Eaux et rivières de Bretagne, Nature et environnement) et de la Confédération paysanne, le récent arrêté préfectoral est une nouvelle illustration du « laxisme ordinaire de l'Etat français en Bretagne en matière de protection de l'environnement et de concentration animale ». Selon Erwann Chotat, secrétaire de l'association, le scénario prévu par l'arrêté « serait même pire que les précédents : il n'y a plus de maîtrise des rejets d'ammoniac, le plan d'épandage est encore plus précaire et la qualité des eaux toujours ignorée ». M. Chotat souligne notamment les risques hydrologiques, dans cette région du Centre-Bretagne déjà fragilisée, véritable château d'eau de la Bretagne avec les bassins de l'Hyères, de l'Aulne et du Blavet, avec d'importantes eaux de ruissellement.