Faisant suite à l'annonce lundi de la future révision de l'arrêté du 28 novembre 2003 sur les produits phytosanitaires bénéficiant de la « mention abeilles » par le ministre de l'Agriculture, les réactions se font nombreuses.
En effet, cette révision devrait s'appuyer sur le récent avis de l'Anses (Agence nationale de sécurité de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) à ce sujet.
Il propose de se baser sur la luminosité pour déterminer l'absence d'activité de butinage des abeilles domestiques. « Il conviendrait donc que, quelle que soit la culture concernée, les traitements phytopharmaceutiques bénéficiant d'une dérogation, ne puissent être appliqués qu'après l'heure de coucher du soleil et dans les trois heures suivantes », détaille l'Anses.
Pour la Fop (Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux), la solution retenue signera quasiment l'arrêt de mort de la culture de la féverole en France.
Gérard Tubéry, président de la Fop, déclare : « la Fop dénonce un avis imparfait qui fait fi d'une production qui, quoi que mineure, offre pourtant de nombreux avantages. Elle l'accepte d'autant moins qu'elle s'est fortement engagée, aux côtés des apiculteurs, dans la promotion d'une MAE en faveur de l'essor des cultures mellifères. C'est pourquoi, elle attend du ministre de l'Agriculture des choix de bon sens et non basés sur une application rigide de principes abrupts ».
La FNPF (Fédération nationale des producteurs de fruits) dénonce de son côté une attitude de communication non maîtrisée faute de connaissances et d'échanges professionnels. « De plus, de nombreux arboriculteurs contractualisent avec des apiculteurs pour l'installation de ruches dans leurs vergers au moment de la pollinisation. Ces apiculteurs seraient-ils assez fous pour faire cela s'il y avait un danger pour leurs ruchers ? », se questionne les producteurs de fruits.
Quant à la Coordination rurale et l'OPG (organisation des producteurs de grains), elles estiment que cette décision frise le ridicule.
Les deux organisations rappellent que « les produits insecticides applicables sur des cultures en fleurs sont porteurs d'une mention « abeille » qui leur est accordée lors de l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Si malgré cette mention, il était avéré que ces produits soient finalement toxiques pour les abeilles, il y aurait eu de la part du ministère de l'Agriculture, qui accordait ces AMM jusqu'à aujourd'hui, une tromperie d'une extrême gravité. »
CR et OPG estiment qu'il s'agit d'une nouvelle contrainte absurde (traitements entre 21 h et minuit, main d'œuvre plus chères, risque d'accidents...). Elles signalent de plus que l'efficacité des produits insecticides étant au minimum de plusieurs jours, il est fortement prévisible qu'une application nocturne conserve son efficacité la journée suivante.