Selon un rapport remis en janvier par le nouveau Service de l'observation et des statistiques (SOeS), les données recueillies de 1997 à 2006 dans les milieux aquatiques en France métropolitaine mettent en évidence une «dispersion importante des pesticides et leur présence généralisée» dans les cours d’eau et dans «une part significative des eaux souterraines».
En 2006, indique le rapport, la présence de pesticides dans les cours d'eau a été détectée et quantifiée au moins une fois sur 90% des 1.097 points interprétables des réseaux. Dans les eaux souterraines, elle a été détectée et quantifiée au moins une fois sur 53% des 1.507 points interprétables des réseaux de connaissance générale. Mais «les teneurs mesurées sont parfois très faibles et ont dans ces cas peu d’incidence sur la qualité des eaux».
Le rapport avance que 37% des points du réseau de connaissance générale dans les cours d'eau ont une qualité moyenne à mauvaise, 48% pour les points des réseaux phytosanitaires. Selon le document, 10% des points du réseau de connaissance générale et 15% des points des réseaux phytosanitaires ont une mauvaise qualité «qui peut affecter de manière importante les équilibres écologiques. Les cours d’eau correspondants sont, au regard de la réglementation, impropres à l’approvisionnement en eau potable».
Pour les eaux souterraines, 24% des points du réseau de connaissance générale et 27% des points des réseaux phytosanitaires ont une qualité médiocre à mauvaise, précise le SOeS. Mais seul 1% des points du réseau de connaissance générale et aucun des points des réseaux phytosanitaires ont une mauvaise qualité.
En 2006, sur l’ensemble des analyses réalisées sur les cours d’eau de la France métropolitaine, 235 molécules différentes, sur les 473 recherchées, ont été quantifiées au moins une fois, indique le SOeS. Les principaux pesticides responsables des déclassements en qualité mauvaise des points de mesure restent en 2006 l’AMPA (produit de dégradation du glyphosate), le glyphosate, le diuron et l’isoproturon, précise le service d'observation. Dans les eaux souterraines, 116 molécules différentes, sur les 443 recherchées, ont été quantifiées au moins une fois. Les principaux pesticides responsables des déclassements en qualité mauvaise des points de mesure sont le glyphosate et le diuron, affirme le rapport.
Le SOeS prévient que «l’effort de surveillance des pesticides dans les cours d’eau et dans les eaux souterraines n’a cessé de s’intensifier lors de la dernière décennie», avec une augmentation du nombre de points de mesure et du nombre de substances recherchées.
De 1997 à 2006, indique le SOeS, «les réseaux de connaissance générale [...] ont régulièrement progressé» et vu leur nombre de points de prélèvement passer de 258 à 1.164 pour les cours d’eau et de 930 à 1.569 pour les eaux souterraines.
Pour le nombre de molécules recherchées au moins une fois «parmi tous les prélèvements et à tous les points de mesure sur une année», il a suivi «la même progression que le nombre de points de mesure», assure le SOeS. Selon le service d'observation, il est passé, entre 1997 et 2006, de 217 à 476 pour les cours d’eau et de 186 à 447 pour les eaux souterraines.
Le SOeS tempère ce résultat en indiquant que ces chiffres sont «le reflet du très grand nombre de substances autorisées (près de 500 en agriculture) qui sont donc susceptibles d’être présentes dans les eaux». Et il faut également y ajouter «les substances retirées du marché mais qui peuvent encore être présentes dans l'environnement, ainsi que les molécules issues de la dégradation des substances utilisées», ajoute-t-elle.
Le nombre de molécules recherchées, très variable, est «seulement de 65 pour les cours d'eau et de 117 pour les eaux souterraines» dans «plus de la moitié des points de mesure», précise le SOeS.
Consultez le rapport du Service de l'observation et des statistiques .