Après l'annonce par le ministre de l'Agriculture de la redistribution des aides Pac, Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, s'est dit satisfait du maintien du budget, de la fin progressive des références historiques, du rapprochement des soutiens et de la mise en place d'un dispositif de gestion des risques.
En revanche, il a pointé du doigt certaines craintes «dont je ne suis pas sûr qu'elles soient encore levées». «Certains vont trouver la marche un peu haute car personne n'est capable de dire quels seront les marchés en 2010», a-t-il expliqué, réclamant une clause de rendez-vous à l'automne de 2010 pour un «bilan de santé national».
Pour les Jeunes Agriculteurs, opposés à la régionalisation des aides et à l'instauration de DPU moyens, le bilan est plutôt satisfaisant.
«La menace d’une mono-agriculture française, sans paysans, sans territoires et sans diversité des productions est écartée», commente William Villeneuve, président de JA dans un communiqué. Il ajoute: «En effet, le ministre a choisi de redonner de la compétitivité économique aux secteurs les plus menacés (élevages herbagers, ovins) et aux territoires les plus fragiles, même si nous sommes encore loin d’une politique ambitieuse en faveur des protéines végétales.»
«La convergence vers une aide unique à l’hectare n’a pas été retenue, un point essentiel qui réjouit particulièrement le syndicat Jeunes Agriculteurs». «Il a été clairement décidé de privilégier les hommes – l’actif sur l’exploitation – plutôt que la course aux hectares. L’installation des jeunes ressort ainsi clairement préservée de ces orientations», explique William Villeneuve.
En revanche, la Fédération nationale bovine (FNB) a exprimé, lundi, dans un communiqué, sa «profonde déception».
«Derrière les annonces, l’élevage, autant en zones herbagères que dans les exploitations d’engraissement, sera loin de trouver son compte, sur la base des arbitrages finalement retenus par les pouvoirs publics. Pourtant, les outils réglementaires étaient disponibles pour un équilibre des mesures et des réorientations des soutiens vis-à-vis des différents systèmes de production bovins», explique la FNB.
Les éleveurs «avaient fondé beaucoup d’espoir dans cette réforme, compte tenu de la situation de crise économique majeure qu’ils subissent, et des enjeux liés à la pérennité de leur filière», rappelle l'organisation syndicale.
Pour sa part, la Confédération paysanne s'est déclarée satisfaite du soutien enfin apporté à l'élevage au travers des DPU herbe, d'une ICHN et d'une PHAE renforcées. Régis Hochart, le porte-parole du syndicat, n'a pas caché sa satisfaction de voir une de ses revendications retenues. «Les cinquante premiers hectares seront mieux dotés, a-t-il fait remarqué. C'est vouloir reconnaître que derrière une exploitation, il y a des actifs.» Enfin, il s'est félicité du soutien à l'agriculture bio et aux protéines.
Il a toutefois soulevé plusieurs interrogations, notamment sur le soutien aux légumes de plein champ. «Je ne vois pas d'objection pour le frais, mais c'est hors de propos pour les productions contractualisées», a-t-il estimé.
Sur les aspects plus négatifs: le porte-parole de la Confédération paysanne juge que la remise en cause de la référence historique n'est pas suffisante.
Autre gêne: 1,7 M€ ont été prélevés mais seulement 1,2 M€ ont été redistribués. Il reste 500 M€ pour les filières qui n'ont pas encore été discutés. «On avait les moyens de soutenir plus directement les céréaliers des zones intermédiaires», regrette Régis Hochart.
Pour la Coordination rurale, les mesures annoncées par Michel Barnier sont «complexes», «inquiétantes» et «contraignantes». Ces mesures dont «l’impact est difficile à évaluer montrent qu’il n’y a plus de vision précise d’une politique organisatrice et régulatrice des productions et des marchés agricoles».
«Les décisions d’aujourd’hui ne sont que le fruit d’un arbitrage défensif pour gérer la redistribution d’aides, qui ne permettent plus aux agriculteurs de vivre décemment de leurs productions quelles qu’elles soient, explique la CR. Les prélèvements sur les grandes cultures ne vont faire qu’aggraver les difficultés que connaissent aujourd’hui les céréaliers.»
Pour Luc Guyau, président de l'APCA (assemblée permanente des chambres d'agriculture), «le trou de l'herbe instauré par la réforme de la Pac de 1992 est enfin comblé. C'est une production à part entière et économique». Comprenant l'inquiétude «des autres», il estime qu'il est «grand temps de revoir la répartition de la valeur ajoutée pour assurer un revenu aux producteurs». «Sans ces réorientations, je ne donnais pas cher de la Pac après 2013», a-t-il conclu.
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