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Pac 2014

« Les critères d’attribution des aides doivent être les mêmes dans toute l’UE » (ministre polonais - VIDEO)

Publié le vendredi 22 octobre 2010 - 17h06

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Marek Sawicki
Marek Sawicki

Le ministre de l'Agriculture polonais, Marek Sawicki (1), a marqué sa volonté de voir la Pologne traitée comme la France, lors d'un entretien accordé à La France Agricole, au Salon international de l'agroalimentaire.

 

 


La France Agricole : Dans les années à venir, sur quelles productions comptez-vous mettre l'accent ?

 

Marek Sawicki : La Pologne est un pays aux productions très diversifiées. Il est difficile de dire quel axe de développement privilégier. Sachez que nos agriculteurs perçoivent 180 €/ha d'aides découplées auxquelles s'ajoutent 50 €/ha de financement national et que certaines de nos productions sont très concurrentielles : jusqu'en 2007, avant que les Pays-Bas et l'Allemagne ne nous devancent, nous étions leader sur la viande porcine. Nous sommes au premier rang européen de la production de champignons de Paris, au quatrième rang en volailles et au cinquième rang en lait. D'autres secteurs sont très importants, comme les fruits et, en particulier, les pommes et les fruits rouges.

 

 

En cinq ans, le pays a perdu 36 % de ses agriculteurs et la taille moyenne des exploitations est passée de 5 à 10 hectares. Où le processus va-t-il s'arrêter ?

 

La taille moyenne des exploitations devrait atteindre de 20 à 25 ha en 2020. C'est un changement naturel, générationnel. Les fermes de moins de 5 ha représentent encore 60 % des exploitations polonaises, mais seulement 17 % des terres arables. En outre, elles comptent 85 % de chefs d'exploitation âgés de 55 et 60 ans qui ne trouvent pas de repreneur dans leur famille. Leur nombre va diminuer et les terres vont partir à l'agrandissement.

 

En Pologne, le collectivisme n'a pas pris et les agriculteurs sont attachés à leur petite propriété. Pourtant, les années 1990 ont vu apparaître des dizaines de grosses exploitations capitalistes, davantage tournées vers l'exportation. Les aides de la Pac ont permis cette évolution duale à laquelle je tiens. Mais les exploitations familiales (< 300 ha selon la loi) doivent être tournées vers le marché et non soutenues socialement.

 

 

Ne faites-vous pas face à une spéculation foncière qui rend difficile l'accès au foncier ?

 

Evidemment, le prix du foncier augmente. C'est un processus naturel lié à l'ouverture des frontières sur l'UE à 15. Comme le prix du pain et des pommes de terre tend à être le même partout en Europe, les prix des terres se rapprochent. Pour faciliter l'accès au foncier, nous avons mis en place des prêts bonifiés pour les jeunes agriculteurs et un programme de départ anticipé à la retraite, normalement prévue à 65 ans.

 

 

Six des dix régions les plus pauvres d'Europe seraient en Pologne. Comment peuvent-elles amortir un tel choc social et foncier ?

 

Je ne peux pas croire que ce chiffre soit exact. La situation n'est pas aussi mauvaise qu'on le croit. Seuls cinq « départements » de l'est du pays bénéficient de programmes spécifiques financés par les fonds européens de cohésion. Ils sont ciblés sur les investissements des collectivités locales et des entreprises actives (routes, industries...). Là encore, il n'est pas question d'aide sociale. Il faut préparer ces régions à faire face à la concurrence internationale.

 

 

Plus de vingt pays ont salué la position commune de la France et de l'Allemagne sur l'avenir de la Pac après 2013. Pas la Pologne, pourquoi ?

 

Cette proposition est aussi générale que celle que Dacian Ciolos présentera le 17 novembre 2010. A ce stade, elle n'est dangereuse pour aucun pays. Il ne faut donc pas tirer de conclusion hâtive. Moi aussi, je suis favorable à une simplification de la Pac et à des outils d'intervention rénovés. Il est facile de faire des déclarations.

 

Je ne peux m'empêcher de remarquer que la Pac a le même âge que moi, mais je trouve qu'elle a vieilli plus vite. Après cinquante ans de mise en œuvre, on appelle une politique commune la somme de vingt-sept politiques nationales. Une politique qui, en outre, constitue l'obstacle principal au principe de base qui régit l'UE, le marché unique et la libre concurrence intracommunautaire. Comment supporter qu'un agriculteur estonien reçoive 90 €/ha, alors qu'un Grec reçoit 570 €/ha. Je crois que c'est le bon moment pour une réforme profonde. La Pac doit être plus objective. L'UE à 15 a besoin d'être plus courageuse dans ce nouveau regard porté sur la Pac dans toute l'UE. Elle ne doit pas se focaliser sur la défense des intérêts des seuls agriculteurs des pays anciens.

 

 

Quelles pistes proposez-vous ?

 

Je ne peux rien dire pour l'instant. Le véritable débat commencera en juillet 2011, sous présidence polonaise. J'aimerais prendre mes fonctions avec une position commune de la France, de l'Allemagne et de la Pologne. Je travaille en étroite collaboration avec Bruno Le Maire qui m'a d'ailleurs confirmé que la France et l'Allemagne sont prêtes à abandonner les références historiques. C'est le préalable à toute discussion sur la nouvelle Pac. Quand ce sera officiellement acté, nous discuterons des détails. Sachez déjà que je ne prône pas un DPU unique à l'hectare, le même partout dans l'UE, mais des critères d'attribution uniques.

 

 

Si le budget de l'UE diminue, les deux politiques principales (politiques régionale et agricole) risquent d'en pâtir. Laquelle est la plus importante pour la Pologne ?

 

Je vais vous dire ce qui est important pour l'Europe et pour la France, je crois : donner la priorité absolue à la préservation du budget de la Pac. C'est primordial pour la Pologne également. Et puis la France ne se laissera pas découper en morceaux pour les fonds de cohésion. Mais je ne pense pas que le budget global de l'UE sera touché, pas plus que celui de la Pac.

 

Nous devons trouver un accord ensemble car notre agriculture vaut bien celle de la France. L'agriculture polonaise est l'avenir de l'agriculture européenne. Elle est déjà verte car elle utilise un tiers de moins de pesticides qu'en France par exemple. Notre secteur primaire travaille déjà en étroite collaboration avec l'industrie agroalimentaire. Pour chaque pilier, la Pologne perçoit 17, 2 milliards d'euros sur sept ans, dont 3,5 milliards de fonds nationaux.

_____ 

(1) Agriculteur (30 ha de colza et de blé), titulaire d'un doctorat en agriculture, il est ministre de l'Agriculture depuis trois ans.

 

Propos recueillis par Arielle Delest


Les commentaires de nos abonnés (2)
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lundi 25 octobre 2010 - 08h25

Si tout le monde doit être traité de la même façon OK; mais à ce moment là il faut aller jusqu'au bout de la logique pour supprimer les distorsions de concurrence, à savoir: même SMIC, mêmes charges sociales, mêmes impôts en tous genres, mêmes règles juridiques,mêmes contraintes environementales, même contrôle des structures, même statut du fermage(je dois en oublier); sinon l'Europe ne pourra jamais fonctionner

nivellement, quand tu nous tiens..

samedi 23 octobre 2010 - 12h39

Bien sûr qu'il serait tout à fait logique que les critères d'attribution soient identiques entre la Pologne et la France ..enfin dès que le coût de la main d'oeuvre sera aussi identique ...
commentaires agriculteurs

BOURGAINF
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