La préfète de l'Ariège a dénoncé mardi avec des mots durs l'attitude d'éleveurs et de militants anti-ours qui avaient menacé des agents de l'Etat chargés d'expertiser les causes de la mort de brebis, tout en prônant l'apaisement dans ce débat qui divise les Pyrénéens.
Le 11 septembre, des agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) appelés dans l'estive (pâturage) de Pouilh, en Ariège, pour déterminer si une trentaine de brebis tombées dans un ravin avaient « déroché » à cause de l'ours, avaient opéré sous la pression d'un groupe d'éleveurs et d'anti-ours excédés.
« Je voulais dénoncer les individus qui ont accueilli de manière déplorable des agents, qui grâce à leur sang froid et à leur sagesse ont pu aller au bout de leur mission sans répondre aux invectives et aux menaces », a dit Nathalie Marthien lors d'un point de presse. « Les insultes et les menaces à l'égard d'agents dépositaires de l'autorité publique ne sont pas acceptables », a-t-elle ajouté, mettant en cause des comportements « vulgaires et irrationnels ».
En l'occurrence, l'ONFCS a constaté que les brebis mortes n'avaient pas été agressées directement par le plantigrade. Mais, faute d'avoir pu expertiser les alentours, ils n'ont pu exclure ou conclure à une présence de l'ours qui aurait effrayé le cheptel. La règle dans une telle situation est que le doute profite à l'éleveur et qu'il soit indemnisé, a-t-elle rappelé.
Mme Marthien, qui a pris ses fonctions en août, souhaite toutefois « un débat pacifié » dans le massif où la restauration de la population d'ours et les huit réintroductions d'ours slovènes menées depuis 1996 déchaînent les passions.
Elle a annoncé la création de groupes de travail constitués par des acteurs de la profession dont les préconisations pourraient être appliquées à la prochaine saison d'estives, en 2014.
Ces groupes réfléchiront notamment aux moyens de mieux adapter les mesures existant en faveur des éleveurs à la dizaine d'estives où se concentrent les attaques des ours. Ce sont toujours « les mêmes éleveurs qui subissent les difficultés, je n'oublie pas leurs souffrances et leur désespoir », a-t-elle dit.
L'ours ne subsiste plus en France que dans les Pyrénées, où il est menacé d'extinction. Ils étaient au moins 22 côté français ou espagnol en 2012.
Dans les Pyrénées, le pastoralisme concerne 1.290 estives, 100.000 bovins, 570.000 ovins et 14.000 équidés. L'Ariège compte un millier d'exploitations.