Une réunion en mai pour tenter de débloquer les négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est toujours possible, a estimé le directeur général de l'OMC Pascal Lamy dans un entretien publié le mardi 13 mai 2008 par les Echos.
Interrogé sur le fait que la faisabilité d'une telle réunion était remise en doute, M. Lamy a répondu: «Non, c'est encore faisable.»
«Les grands responsables politiques sont tous d'accord pour dire qu'il faudrait conclure la négociation d'ici à la fin de l'année et que, avant cela, il faut s'accorder sur trois des vingt sujets sur la table, subventions agricoles, droits de douane agricoles et droits de douane industriels», a-t-il ajouté.
L'état des négociations rend très peu probable la tenue d'une conférence ministérielle en mai, avait indiqué la semaine dernière Keith Rockwell, le porte-parole de l'OMC, à un groupe de journalistes à l'issue du comité des négociations commerciales.
«Cela sera extrêmement difficile, au vu des contraintes de temps et de l'importance de la substance du processus (des négociations), qu'une telle conférence se tienne en mai», avait estimé M. Rockwell.
Les représentants des 151 Etats membres de l'OMC discutent actuellement avec assiduité du chapitre agricole et des textes de compromis révisés sur l'agriculture et les produits industriels devraient être publiés au plus tôt cette semaine.
Crawford Falconer, le négociateur sur l'agriculture, devrait remettre un projet de “modalités” révisé à la fin de cette semaine, ou en début de semaine prochaine. Ce texte reflètera la situation actuelle et les progrès réalisés depuis le projet présenté le 8 février 2008. Une fois le texte distribué, les membres auront environ une semaine pour l'examiner puis en discuteront dans le cadre des négociations sur l'agriculture, «comme beaucoup d'entre eux l'ont demandé», a indiqué Crawford Falconer.
«Il faut des textes de compromis qui passeront à la moulinette des experts puis des négociateurs politiques. Combien de temps cela prendra-t-il? Je ne le sais pas. Quand cela commencera-t-il? Je n'en sais rien», a toutefois souligné M. Lamy.
«Pour finir avant la fin de l'année, il faut tomber d'accord en mai ou en juin, car il faut six ou sept mois entre l'accord politique et la fin du round» de négociation, a souligné le directeur général de l'OMC «Au-delà, on entrerait en zone rouge», a-t-il prévenu.
«On a les conditions politiques et techniques pour conclure en 2008», le cycle de négociation lancé à Doha (Qatar) en novembre 2001, a assuré Pascal Lamy.
Interrogé sur les avertissements lancés par la France mettant en garde contre tout «accord déséquilibré» à l'OMC, M. Lamy a répondu qu'«aucun négociateur avisé ne va dire la vérité. Si j'étais à leur place, je dirais comme tous ''je n'ai pas encore reçu assez''».
Quant à l'éventualité de voir l'agriculture sortie du cadre de négociation global dans le but de faciliter un accord, M. Lamy juge cette possibilité «très faible».
«Les PVD (pays en voie de développement) – soit les trois quarts des membres de l'OMC – ont mis vingt ans à obtenir que l'agriculture fasse partie de l'échange international. Dans le Doha Round, ils entendent aller plus loin encore. La probabilité que cette suggestion prenne vie est donc très faible», a-t-il dit aux Echos
Concernant les biocarburants et la flambée des prix agricoles, Pascal Lamy estime qu'il ne faut pas «mettre tout le monde dans le même sac en disant que les biocarburants sont une catastrophe». «Dans certains cas, ils ont rogné sur la production agricole. Dans d'autres comme au Brésil, ce n'est pas le cas», a expliqué le directeur général de l'OMC.