«Quand il y a un contentieux entre deux pays» sur des pratiques de protectionnisme devant l'OMC, «ce n’est pas le seul droit du commerce qui doit prévaloir», a déclaré mercredi Nicolas Sarkozy aux ambassadeurs réunis pour leur conférence annuelle.
Le président de la République souhaite que le droit du travail et celui de l'environnement soient placés «sur un pied d'égalité» avec le droit du commerce à l'OMC, «parce que la concurrence, c’est la concurrence loyale».
La France propose que «l’OIT (Organisation internationale du travail) et demain l’Organisation mondiale de l’environnement», dont elle demande la création, «aient leur mot à dire auprès de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale dès lors que seraient en cause les huit normes fondamentales du travail ou des clauses essentielles des accords sur le climat».
L’OMC «ne doit pas se déterminer sur les seuls critères du commerce mondial. Il existe des normes sociales fondamentales que la France n’a pas inventées qui sont celles définies par l’OIT».
Quant aux normes environnementales, elles «seront définies à la suite de Copenhague par l’Organisation mondiale de l’environnement», a indiqué Sarkozy. Cette OME «aura vocation à fédérer des outils aujourd’hui dispersés» ainsi qu'à «assurer le suivi de Copenhague pour les 192 Etats membres de la communauté internationale», a estimé N. Sarkozy.
«Comment voulez-vous que nous en Europe nous imposions à nos entreprises des règles de protection de l’environnement si nous continuons à importer des produits fabriqués par des pays qui n’en respectent aucune et qui iront devant l’OMC en disant: attention, protectionnisme?», s'est interrogé le chef de l'Etat.
Nicolas Sarkozy a rappelé que «sur proposition de la France, un partenariat mondial pour l’alimentation et l’agriculture a été adopté» en 2008. «Encore faut-il que la FAO , le PAM , le Fida , la Banque mondiale et les banques régionales de développement se mobilisent dans une démarche cohérente et coordonnée», a martelé le chef de l'Etat.
Il a dénoncé l'attitude au contraire «complètement schizophrénique […] entre ce que l’on dit à l’OMC: la concurrence à tout prix, plus de soutien avec l’agriculture, et ce que l’on dit à la FAO: plus d’agriculture. Qui peut comprendre? C’est les mêmes participants, le message est contraire. Est-ce qu’il ne serait pas temps de rassembler aussi les choses pour envoyer un message cohérent? La multiplication des organisations internationales est en soi un vrai problème.»
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FMI: Fonds monétaire international.
Pam: Programme alimentaire mondial.
FAO: Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
Fida: Fonds international de développement agricole.