La Commission européenne vient de rendre public un rapport concluant aux « bénéfices économiques significatifs » d'un accord multisectoriel de libre-échange à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les résultats à en attendre sont nettement plus contrastés s'agissant de l'agriculture européenne.
Dans le cadre des négociations ouvertes il y a dix ans au sein de l'OMC (dites du cycle de Doha), la Commission européenne a évalué les conséquences d'un large accord de libéralisation des échanges mondiaux dans les secteurs industriel, agricole et des services. Selon son rapport (1), rendu public le 31 octobre 2011, un tel accord permettrait d'accroître les exportations mondiales de 359 milliards de dollars (G$) par an, soit 0,2 point de croissance additionnelle. Principaux bénéficiaires : les industries chinoises (+67,8 G$), de l'UE (+53 G$) et des Etats-Unis (+38,1 G$).
L'UE peut également entrevoir un accroissement de ses exportations de services (+15,4 G$) et de denrées agricoles (+9,8 G$). Mais elle doit également s'attendre à davantage d'importations. Le « scénario central » retenu par la Commission, qui s'appuie sur un désarmement douanier multilatéral compris entre 50 % et 70 % selon les produits agricoles, conduit en effet à un bilan légèrement négatif laissant craindre un repli de 0,7 % de la production agricole des Vingt-Sept. Avec d'importantes différences selon les secteurs : céréales (-0,49 %), fruits et légumes (-1,42 %), huiles et graisses (-4,17 %), sucre (-12,89 %), fibres et autres grandes cultures (-0,66 %), viande (-0,72 %), lait (-1,85 %).
Les conséquences de ce « scénario central » sur les pays (hors UE) signataires de l'Accord européen de libre-échange seraient d'une toute autre ampleur encore puisqu'ils devraient s'attendre à une réduction de leur production agricole de l'ordre de 18,7 % : -43 % pour la viande, -19,5 % pour les céréales, -22 % pour les fruits et légumes, -15,3 % pour le lait... Explication : la très forte protection initiale dont bénéficient ces pays, qui sont appelés à se réorienter en dehors de l'agriculture.
Aux Etats-Unis, les gains enregistrés par l'industrie (+0,27 %) et les services (+0,13 %) seraient contrebalancés par une légère érosion du secteur agricole (-0,26 %). Un fort recul dans les céréales (-8,4 %) et les autres grandes cultures (-6,32 %) serait compensé par des gains dans la viande (+2,3 %), le lait (+1,1 %) et les fruits et légumes (+2,15 %) notamment.
Les principaux bénéficiaires, sur le plan agricole, d'un accord à l'OMC seraient l'Australie et la Nouvelle-Zélande (+6,9 %, dont +24 % pour le lait et +6,3 % pour les céréales), le Brésil (+4,2 %, dont +7,9 % pour la viande et +7 % pour les grandes cultures hors céréales), l'Argentine (+3,4 %, dont +7 % pour la viande, +3,6 % pour les huiles et corps gras et +3,5 % pour les céréales) ainsi que le Canada (+3,3 %, dont +9,4 % pour les céréales, +6,7 % pour la viande mais -5,3 % pour le lait).
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(1) Economic impact of potential outcome of the Doha Development Agenda, octobre 2011.
prévision
jeudi 03 novembre 2011 - 17h40
Ce sont les mêmes prévisionistes qui depuis au moins une decennie nous prédisent que l'euro fort va nous protéger de tout, et qui ont abouti à une europe surendettée incapable de générer de la croissance? Cela me fait rire, leur rapport dit ce qu'il faut pour nous faire aller la ou les bureaucrates veulent nous faire aller. La dérégulation on a vu ce que cela donne: la crise depuis 2 ans