Alors que les principaux acteurs de l'OMC étaient réunis à Londres, Jacques Chirac a profité samaedi de l'inauguration du Salon de l'agriculture pour se déclarer « profondément choqué par certaines attitudes » du commissaire au Commerce, Peter Mandelson, négociateur de l'Union européenne à l'OMC.
Ce dernier « ne cesse de vouloir donner davantage alors qu'en contrepartie les Américains n'ont manifesté aucune intention de faire les moindres concessions sur le plan agricole », ni « les pays émergents sur l'industrie et les services », a accusé le chef de l'Etat.
« L'agriculture n'a pas vocation à être la variable d'ajustement des négociations », a renchéri lundi le Premier ministre Dominique de Villepin, lui aussi en visite au Salon.
La France a martelé sa position à de multiples reprises : aucune concession ne doit remettre en cause la Pac, considérée comme une « ligne rouge ». « On est prêt à nous sacrifier dans cette affaire », réaffirmait la semaine dernière Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA.
Le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau a souligné lundi que la France et l'Europe étaient « très fermes » dans les négociations à l'OMC et qu'elles se refusaient à « abattre » les frontières.
«Vous avez de grandes puissances agro-industrielles, ce sont de véritables prédateurs», a expliqué Dominique Bussereau à la radio RMC, en citant nommément le Brésil, l'Argentine, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
« Ce sont des pays qui voudraient venir sur nos marchés, que nous abaissions nos droits de douane sans pour autant faire la moindre contrepartie pour que nous entrions chez eux », a-t-il ajouté.
« C'est la raison pour laquelle la France et l'Europe sont très fermes dans la négociations de l'OMC, parce que nous avons un système communautaire et nous ne voulons pas abattre nos frontières pour détruire une partie de notre agriculture », a-t-il dit.
Les principaux pays impliqués dans les négociations à l'OMC ont tenu ce week-end à Londres des rencontres qui ne semblent pas avoir fait beaucoup avancer le dossier, selon des sources proches des discussions.
Dimanche après-midi, le porte-parole de la représentante américaine Susan Schwab, Sean Spicer, a indiqué qu'il n'y avait « rien à rapporter » de la réunion tenue dans la journée entre M. Mandelson et Mme Schwab, qui verra M. Lamy lundi. La veille, le porte-parole de M. Mandelson, Peter Power, avait simplement qualifié « d'utile » une rencontre entre le commissaire européen et le ministre indien.
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, tente depuis fin janvier de relancer le cycle de négociations de Doha, suspendues en juillet dernier. Un accord entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil et l'Inde est considéré comme un préalable à un éventuel compromis entre les 150 pays membres de l'OMC.