Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, demande, sans citer nommément le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, de ne pas traiter «avec désinvolture» la question des OGM, dans un entretien publié dimanche dans Le Parisien.
«C'est un sujet grave. On ne peut pas traiter avec désinvolture la question des OGM, d'abord parce qu'elle pose la question de la science et de la recherche, ensuite parce qu'elle fait naître des problèmes non résolus et des risques aujourd'hui assez difficilement mesurables», souligne-t-il.
«La position de la France sera définie à l'issue du Grenelle de l'environnement par le président de la République et le Premier ministre», ajoute M. Guaino.
Le ministre de l'Ecologie a estimé vendredi, à propos du gel des semences OGM commerciales, qu'une «tendance générale se dessine» tout en soulignant qu'il fallait «respecter le processus du Grenelle» de l'environnement, qui doit se tenir en octobre.
Jeudi, Le Monde rapportait que le gouvernement s'apprêtait à déclarer un gel des semences OGM destinées à la production, mais que la recherche serait maintenue.
Les dirigeants de la FNSEA, qui ont menacé de se retirer du Grenelle de l'environnement si un gel de la commercialisation des semences OGM était décidé, seront reçus mardi à 11 heures par le ministre de l'Ecologie, a annoncé lundi le principal syndicat agricole.
Vendredi, le groupe de travail sur les OGM, réuni pour préparer le Grenelle de l'environnement, a arrêté les contours de la future loi promise par Jean-Louis Borloo.
«Le débat sur la loi future a bien évolué et bien posé les exigences politiques, économiques et sociétales», a indiqué la vice-présidente du groupe, la sénatrice du Nord, Marie-Christine Blandin (Verts).
Selon Mme Blandin, le consensus s'est dégagé sur trois points essentiels: sur le fait qu'aucune évaluation scientifique sérieuse des risques n'est actuellement pratiquée, mais aussi pour abandonner la notion d'un seuil de 0,9% d'OGM à partir duquel l'étiquettage des produits serait obligatoire et qui ne repose sur aucun fondement scientifique.
Enfin, tous ont également réclamé la création d'une haute autorité pluridisciplinaire et indépendante, chargée d'évaluer non seulement les risques des OGM mais aussi leur intérêt sociétal et économique.
«Tout le monde est satisfait parce que cette haute autorité reposera sur les trois piliers du développement durable que sont l'environnement, le développement social et le développement économique», a indiqué Mme Blandin.
Sur ces trois points de consensus, quelques réserves minoritaires ont été admises. Les autres propositions, quand elles ne ralliaient pas la totalité des suffrages, seront soumises en annexe au groupe de travail.
Selon Arnaud Gossement, de la fédération France Nature Environnement, cela concerne notamment le principe de responsabilité du semencier en cas de contamination accidentelle, l'obligation pour l'agriculteur de souscrire une police d'assurance ou la possibilité pour les élus locaux de refuser la culture d'OGM sur leur territoire.
«L'intérêt à nos yeux est que le texte identifie clairement les consensus et les dissensus, chacun a pu défendre son point de vue et arrêter publiquement sa position, à l'exception des semenciers et de la FNSEA qui ont choisi de ne pas être là», a-t-il ajouté.
Ni les semenciers ni les agriculteurs n'étaient représentés à la réunion qu'ils avaient quitté pour protester contre l'annonce «prématurée», ont-ils expliqué, d'un gel possible des semences commerciales d'OGM avant même la fin des négociations.