Lors de sa conférence de presse du 31 janvier, Orama (l'union des grandes cultures) a publié une note de l'AGPB (Association des producteurs de blé) intitulée «l'impact économique de la non-autorisation des OGM sur les importations d'aliments du bétail et sur la production animale dans l'UE». Elle fait référence à une étude de la DG-Agri (Commission européenne) sur l'impact des autorisations "asynchrones" de cultures OGM de maïs et de soja dans les pays exportateurs et dans l'UE, c'est-à-dire d'autorisations accordées avec un délai (plus de 15 mois actuellement) entre les pays producteurs (Etats-Unis, Brésil et Argentine) et l'UE.
Cette étude «met en avant les contradictions auxquelles sera confrontée l'Europe si l'autorisation des OGM dans l'UE reste en décalage par rapport aux autorisations dans les principaux pays producteurs», souligne l'AGPB. En effet, l'UE reste très dépendante de ces pays pour son approvisionnement en matières premières pour l'alimentation animale.
«Pour ce qui concerne le maïs, le corn gluten feed et les drêches, l'impact du blocage restera limité à certains pays (Irlande, Espagne), car les importations ne représentent que quelques millions de tonnes et sont substituables par des céréales européennes, précise l'AGPB, en évoquant le rapport. Pour le soja et les tourteaux de soja, la menace est beaucoup plus grave. Les importations sont très importantes (35 Mt), elles représentent beaucoup plus que la production européenne de tourteaux d'oléagineux (12 Mt), elles proviennent en totalité de pays OGM (Amériques), et elles ne sont substituables que pour 10 à 20% par des produits européens.»
Les conséquences sur l'élevage décrites par l'étude de la DG-Agri sont plus ou moins graves, selon que seuls les Etats-Unis et l'Argentine implanteraient les nouvelles variétés de soja OGM dès l'année prochaine, ou que le Brésil le ferait aussi. «Dans un scénario de blocage des importations en provenance des Etats-Unis, de l'Argentine et du Brésil, la consommation de tourteaux baisserait de 50%, les dépenses d'alimentation animale seraient 7 fois supérieures et les prix de toutes les viandes seraient en forte hausse».
Il y aurait donc «un véritable effondrement des secteurs porcin et avicole en Europe au profit d'une importation massive de viande en provenance de pays où les animaux sont nourris à base d'OGM, souligne l'AGPB. L'importation de viande d'animaux nourris avec des aliments OGM n'est en effet pas réglementée. En clair, on assisterait à un effondrement de la compétitivité et à une véritable délocalisation de l'élevage européen de viande blanche vers l'Argentine et le Brésil (...). La cohérence voudrait qu'interdits en Europe, les OGM soient également considérés par les européens comme nuisibles à l'environnement des Amériques et que les viandes des animaux qu'ils nourrissent outre-Atlantique soient taxées aux frontières de l'U.E. Le différentiel de coûts dû aux OGM serait ainsi compensé».
Pour l'AGPB, il reste deux solutions: «soit convaincre l'Europe d'adopter un système d'autorisation d'OGM (importation et culture) plus souple et, surtout, plus rapide. Cela semble difficile pour l'instant, vu l'état des opinions publiques. Soit pousser la logique restrictive jusqu'au bout si l'on pose comme principe que l'utilisation d'OGM est incompatible avec la préservation de l'environnement. Malheureusement, la "taxation environnementale", tout comme celle du "dumping social", est encore loin encore d'être pratiquée et praticable dans le commerce international. Un intéressant sujet de débat en perspective...»
Téléchargez le Rapport de la DG Agri sur l'impact de la non-autorisation des OGM pour les filières animales (112.92 Ko) (traduit de l'anglais par l'AGPB)