Une analyse, commandée par Greenpeace et les Amis de la Terre, pointe de nombreuses incohérences et lacunes dans le rapport de l'Efsa (Autorité européenne de la sécurité alimentaire) sur le maïs OGM Mon N810.
L'Union européenne va devoir prochainement statuer sur l'éventuel renouvellement de l'autorisation de culture du maïs OGM Mon 810. A la fin de juin, l'Efsa a rendu un avis favorable, dont les conclusions ont été rejetées par la France. Par ailleurs, six Etats membres, dont la France, ont pris des clauses de sauvegarde pour interdire la culture du Mon 810 sur leur territoire.
Déjà remise en cause dans un article publié au début de juillet par huit experts internationaux, les méthodes d'évaluation de l'Efsa sont de nouveau sévèrement critiquées dans une analyse scientifique commandée par Greenpeace et les Amis de la Terre.
Le principe de précaution est bafoué par le refus de l'Efsa de reconnaître les incertitudes qui planent. Les chercheurs mandatés par Greenpeace et les Amis de la Terre accusent l'autorité européenne d'être à l'origine d'une nouvelle formule scientifique: «inconnu = inoffensif».
Des incohérence ont été relévées dans le rapport rendu par l'Efsa, concernant la présence de constituants étrangers dans le maïs OGM. De plus, en négligeant de pousser l'étude plus loin, l'Efsa ne suit pas ses propres recommandations. En 2006, elle préconisait en effet de recourir à des méthodes telles que l'analyse protéomique afin d'accroître les chances de détecter les effets indésirables dus à une modification génétique.
Les risques sur la santé seraient ignorés ou minimisés, sans qu'aucun argument scientifique ne vienne étayer le jugement. Ainsi, les fragments d'ADN ou d'ARN retrouvés dans les animaux nourris aux OGM sont jugés inoffensifs dans la mesure où ils ne se recombinent pas avec le matériel génétique de l'hôte. Les interactions possibles entre les fragments d'ADN ou d'ARN étrangers et le système immunitaire de l'hôte, qui ont inspiré plus d'un millier de publications scientifiques, ne sont pas étudiées par l'Efsa, souligne le rapport rendu par les associations environnementales.
De nombreuses approximations sont montrées du doigt. L'Efsa utilise notamment une étude conduite avec du Mon 863 pour attester de l'innocuité du Mon 810. Elle est encore accusée de ne pas citer complètement ses sources et d'écarter ou discréditer systématiquement les études montrant un possible effet négatif des OGM. A l'inverse, les études favorables aux OGM, même contestées par d'autres experts, ne souffrent aucune critique de la part de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.