BASF annonce lundi dans un communiqué qu'il va concentrer ses activités de recherche en biotechnologies végétales sur les marchés de l'Amérique du Nord et du Sud. Le siège de BASF Plant Science sera également transféré de Limburgerhof en Allemange, à Raleigh en Caroline du Nord. Les activités de recherche et développement seront principalement regroupées à Raleigh, à Gand (Belgique) et à Berlin (Allemagne).
Le développement et la commercialisation de tous les projets OGM exclusivement destinés au marché européen seront arrêtés. Cela comprend les pommes de terre génétiquement modifiées destinées à l'industrie féculière (Amflora, Amadea et Modena), une pomme de terre résistant au mildiou nommée Fortuna, ainsi qu'une pomme de terre enrichie en amylopectine (amidon) et résistante au mildiou et une variété de blé résistante aux maladies fongiques.
Pour garder ouvertes toutes les options concernant ses projets de pommes de terre, BASF Plant Science continuera les processus d'homologation déjà entamés.
« Nous sommes convaincus que les biotechnologies végétales sont des technologies clés pour le XXIe siècle. Toutefois, il y a encore un manque d'acceptation pour cette technologie dans une grande partie de l'Europe – de la part de la majorité des consommateurs, des agriculteurs et des responsables politiques. Cela n'a donc aucun sens de continuer à investir dans des projets exclusivement destinés à ce marché », dit Stefan Marcinowski, membre du directoire de BASF, responsable des biotechnologies végétales.
La culture d'Amflora, lancée sur environ 300 hectares dans trois pays en 2011, mais qui se limitait l'année dernière à une parcelle de deux hectares en Allemagne, n'a quasi par généré de ventes, a indiqué le groupe BASF.
Les pommes de terre OGM représentent une goutte d'eau dans le segment des « biotechnologies vertes » de BASF, qui y a investi moins de 100 millions d'euros ces dix dernières années, sur un total de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble de la division, a précisé M. Marcinowski
Le groupe allemand place beaucoup plus d'espoirs dans sa coopération avec le géant américain des OGM Monsanto. Leur premier produit commun, un maïs résistant à la sécheresse, a été autorisé à la fin de 2011 aux Etats-Unis. Et une variété OGM de soja de BASF résistant aux herbicides a déjà obtenu un feu vert au Brésil.
Avec son partenaire brésilien, l'institut de recherche agricole Embrapa, BASF travaille aussi sur un projet de canne à sucre OGM à hauts rendements.
Pour se rapprocher des marchés nord et sud-américains, le groupe a également décidé lundi de délocaliser le siège de ses activités dans les biotechnologies vertes à Raleigh, en Caroline du Nord (Etats-Unis), au détriment de deux sites allemands et une installation en Suède.
Globalement, cela signifie que BASF va supprimer 140 postes en Europe. Mais le groupe va tenter de replacer ces salariés dans d'autres activités du groupe.
Des unités de recherche et développement dans les OGM à Berlin et à Gand en Belgique devraient être renforcées. Car « bien que les conditions pour la culture d'OGM soient défavorables en Europe, il y a des instituts de recherche et des universités de rang international » dans ce domaine, a relevé Peter Eckes, le responsable de la division des biotechnologies végétales chez BASF.
De son côté la Commission européenne a pris acte lundi de la décision du groupe allemand de renoncer à développer des produits transgéniques dans l'UE et n'autorisera aucun OGM avant d'avoir obtenu un accord sur les règles pour leur culture, a déclaré un de ses porte-parole.
« C'est un choix d'entreprise et nous prenons note », a commenté Frederic Vincent, porte-parole du commissaire John Dalli en charge de la Santé et des Consommateurs.
La décision du groupe allemand va avoir des conséquences pour l'autre OGM autorisé à la culture dans l'UE, le maïs Mon 810 de Monsanto. La multinationale attend depuis plus un an le renouvellement de cette autorisation, mais la Commission « n'a pas encore lancé le processus », malgré l'avis favorable de l'EFSA, l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments.
« La Commission attend d'avoir un accord des Etats sur les règles pour la culture », a expliqué Frédéric Vincent.
« Le commissaire Dalli a dit à plusieurs reprises que la recherche fait partie de l'innovation et que l'Europe ne doit pas rester en marge de ce qui se fait dans le monde », a insisté son porte-parole.
« Il n'y a pas que de la production destinée à l'alimentation dans les OGM. La recherche porte également sur les arbres », a rappelé Frédéric Vincent.
La décision de BASF a été saluée par Greenpeace sur son compte Twitter comme une « victoire pour les consommateurs » et un « pas en avant pour le développement de biotechnologies sûres ».
Même motif de satisfaction pour les Amis de la Terre (Friends of the Earth Europe). « Un nouveau clou est planté dans le cercueil pour les aliments génétiquement modifiés en Europe. Personne ne veut les manger et peu d'agriculteurs veulent les cultiver », s'est félicité un représentant de l'ONG, Adrian Bebb, dans un communiqué.
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agriculteur anti ogm!
mardi 17 janvier 2012 - 17h41
Oui, il y a des agriculteurs anti ogm! La vraie honte, ce sont les "agriculteurs" qui veulent faire manger de force des ogm aux consommateurs! Alors que certains de ces mêmes agriculteurs mangent bio! Car un certain nombre de ces producteurs, sont bien conscients qu'il produisent de la M....! Les maïsiculteurs irrigants sont une minorité du monde agricole qui beuglent très fort... Au point, que le consommateur s'imagine désormais que le monde agricole se résume à cela! Ce qui est faux! Cette minorité beuglante ne respecte pas les agriculteurs, mais ne voit que son intérêt! Oui, nous, les agriculteurs anti ogm, existons!