Les big data, soit les données massives (1) ou mégadonnées, dans l'agriculture sont l'objet d'une attention particulière des parlementaires. Ce jeudi 2 juillet 2015, la première audition sur le sujet s'est déroulée à l'Assemblée nationale. A l'initiative de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), l'objectif principal est d'examiner les stratégies permettant de développer une offre française et européenne de traitement des données dans l'agriculture.
Une position dominante de l'offre américaine
Selon l'OPECST, il s'agit aussi de « desserrer l'étreinte de l'avance technologique américaine [...] qui pourrait se traduire par une atteinte à l'indépendance des productions agricoles française et européenne ». Pour Jean-Yves Le Déaut, député et président de l'OPECST, il s'agit aussi de détecter les enjeux législatifs, l'OPECST intervenant en amont de la fabrication des lois (2). Pour ce faire, plusieurs acteurs du traitement de ces mégadonnées, des chercheurs aux entreprises privées, sont donc auditionnés. Et la tâche paraît colossale.
En effet, les questions ouvertes sont autant de sujets stratégiques : propriété, contrôle et valeur des données, sécurité sanitaire, environnementale paraissent comme autant d'enjeux. Serge Abitboul, membre de l'Académie des sciences, insiste : « Il ne faut pas avoir une attitude angélique. L'agriculteur doit comprendre où vont ses données et quel en est le contrôle. »
Aller vite
Pour arriver à une solution française et européenne, plusieurs pistes sont évoquées, comme l'accompagnement des start-ups ou encore la création de plateformes communes en « open data » (3) ou données ouvertes. Celle-ci pouvant intégrer, comme le suggère Hervé Pillaud, élu de la chambre d'agriculture de la Vendée, conseil agricole, coopératives et entreprises informatiques. Quelle que soit la piste privilégiée, l'assemblée est d'accord sur un point : il faut aller vite.
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(1) Données issues de capteurs (satellites, robots de traite, drones, serres, objets connectés, sondes, etc.), de logiciels (comptabilité, gestion, marchés, etc.), etc.
(2) L'OPECST, composé de 18 députés et 18 sénateurs, a pour mission, aux termes de la loi, « d'informer le Parlement des conséquences des choix de caractères scientifique et technologique afin, notamment, d'éclairer ses décisions ». A cet effet, l'Office « recueille des informations, met en œuvre des programmes d'études et procède à des évaluations ». Il est assisté d'un conseil scientifique de 24 experts de réputation internationale.
(3) Donnée ouverte, publique ou privée.