A quinze jours de la fin des négociations commerciales de 2015, les représentants des producteurs agricoles, des industries agroalimentaires et des distributeurs se sont réunis le 11 février 2015 pour faire le point sur les discussions en cours. Une énième réunion placée sous l'égide du gouvernement, censée apporter davantage de transparence dans les relations entre les différents acteurs.
Le trio Le Foll (Agriculture)-Delga (Commerce)-Macron (Economie) a ainsi rappelé que le comité de suivi des négociations commerciales, organisme institué après la dernière table ronde de ce type, le 23 octobre 2014, s'était déjà réuni deux fois et avait permis de « clarifier un certain nombre d'interrogations sur le cadre législatif applicable, et de suivre de près le déroulement des négociations ».
« Les pratiques abusives feront l'objet de suites appropriées, et notamment d'assignations, promettent les ministres, dans un communiqué commun. Les solutions sont connues : prendre en compte la réalité économique des industriels et des filières, anticiper et lisser la volatilité des cours lorsqu'elle est connue et prévisible, comme c'est le cas par exemple dans la filière laitière, afin de préserver tous les maillons des filières ». Les ministres se sont par ailleurs félicités de la volonté affirmée par les distributeurs de « privilégier les produits français et de mettre en avant l'origine française des produits ».
« Des comportements contraires aux déclarations »
« Des paroles... Maintenant, des actes ! », ont rapidement rétorqué les industriels de l'Ania, qui ne partagent pas l'enthousiasme gouvernemental. « Nous sommes face à une situation de blocage sans précédent lié au déni de négociation de nos clients, dénonce Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, dans un communiqué du 11 février. J'avais pourtant entendu le 23 octobre une volonté de la part des enseignes d'agir de manière plus responsable. Aujourd'hui, je constate sur le terrain des demandes et des comportements contraires à ces déclarations. Bien au contraire, les pressions sur les fournisseurs se sont intensifiées et les mauvais comportements se sont multipliés ».
Et l'association des industries alimentaire d'énumérer les mauvaises pratiques des enseignes constatées sur le terrain : « demandes de déflation abyssales, jusqu'à 18 %, demandes de compensation de marges rétroactives jusqu'à 2013, non-prise en compte des évolutions des coûts, non-respect de la confidentialité des accords par des demandes orales d'alignement... »
Deux enseignes de la grande distribution auraient déjà fait l'objet d'assignation de la part de la Répression des fraudes, annonce l'AFP, sans précision sur l'identité de ces dernières.