Les distributeurs, qui négocient actuellement avec les industriels les prochains contrats annuels, s'emploient à ce que « les prix bougent le moins possible », a indiqué, mardi, Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD).
Tous les ans, les deux parties négocient les contrats qui les lient à partir du 1er mars, et cette année les tractations se déroulent sur fond de hausse du prix des matières premières.
« On négocie avec les industriels pour que les prix bougent le moins possible », a affirmé Jérôme Bédier, qui présentait ses vœux, mardi. Actuellement, les industriels demandent aux distributeurs des hausses « entre 5 et 8 % », a-t-il précisé, soulignant que « ce n'est pas ça qui sortira évidemment » pour le consommateur.
La semaine dernière, le Conseil constitutionnel a reconnu la notion de « déséquilibre significatif » entre distributeurs et fournisseurs, introduite par la loi de modernisation de l'économie (LME), permettant la poursuite de procédures judiciaires engagées en 2009 par le gouvernement contre neuf distributeurs pour « pratiques abusives » dans leurs contrats avec leurs fournisseurs.
« On est prêts à bien appliquer la LME », a indiqué le président de la FCD, considérant que « la meilleure méthode est le dialogue au sein de la CEPC (Commission d'examen des pratiques commerciales) plutôt que des assignations qui mettent un temps fou » à aboutir.
En 2010, « les prix de la grande consommation ont continué à baisser », tandis que le pouvoir d'achat augmentait de 1,3 %, a-t-il indiqué, citant des chiffres de l'Insee. La consommation « s'est bien tenue, même avec l'environnement climatique de décembre ».
Toutefois, Jérôme Bédier s'est inquiété du nombre de taxes que doit payer le secteur. « Mesure après mesure, on finit par pénaliser fortement la consommation », a-t-il estimé, a fortiori à « un moment où la concurrence est très vive, (et où) l'internet prend des parts de marché ».
Les distributeurs sont « prêts à regarder de quelle façon on peut mettre mieux en évidence les offres compétitives qu'il y a en magasin », a-t-il indiqué par ailleurs, en réponse au souhait du secrétaire d'Etat à la Consommation, Frédéric Lefebvre, de mise en place d'un « panier de première nécessité », permettant aux consommateurs modestes de manger équilibré pour un coût raisonnable.
Cet été, les distributeurs ont appliqué de manière volontaire les accords de modération sur les marges pour les fruits déclarés en crise (cerise, melon), faute de parution du décret en la matière, a-t-il souligné, mais cela n'a pas eu d'impact sur le revenu des producteurs, selon lui.
La FCD demande donc au ministère de l'Agriculture d'analyser le bilan de ces accords, jugeant ce dispositif « très contraignant pour les entreprises ».
La fédération juge par ailleurs trop long le délai minimal de trois ans prévu par un décret sur la contractualisation dans la filière des fruits et légumes, estimant que « la durée du contrat réaliste serait d'un an avec une extension possible à trois ans en cas d'investissement du producteur ».
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