Selon l'estimation d'Agritel, la récolte française 2009 de blé tendre avoisinerait les 38,4 millions de tonnes. Sur l'ensemble de l'Hexagone, le rendement moyen est évalué à plus de 78 q/ha, en hausse de plus de 4 q/ha par rapport à 2008. Ce niveau dépasserait le précédent record national de 2004 (77,9 q/ha). Compensant la diminution des surfaces emblavées, cette progression des rendements permet une hausse de production de 2,95%.
Rendements et qualité sont satisfaisants sur la majeure partie du territoire. Seul le Sud-Ouest ne partage pas cet enthousiasme, pour les céréales comme pour le colza.
Dans l'ensemble, la qualité semble correcte, malgré des teneurs en protéines assez faibles dues à une fertilisation calculée au plus juste et des potentiels de rendement parfois sous-estimés.
Achevée depuis plusieurs semaines dans le Sud, la moisson se poursuit dans le nord et l'ouest du pays, profitant d'une météo redevenue plus clémente. A l'exception du Sud-Ouest, où les rendements ont beaucoup déçu, la plupart des régions affichent leur satisfaction.
Nord-Pas-de-Calais. A la moitié de la moisson, les rendements moyens, en légère hausse par rapport à 2008, dépassent les 90 q/ha, excepté quelques blés sur blé catastrophiques. Le revers de la médaille est un taux de protéines faible, lié à la dilution de l'azote. Pour le reste, la qualité a été favorisée par des conditions climatiques idéales. Des disparités sont toutefois constatées suivant la protection fongicide mise en œuvre. Les orges présentent de bons rendements (85 à 90 q/ha), assortis d'une qualité irréprochable.
Picardie. L'année s'annonce excellente, avec de bonnes surprises dans toutes les cultures. En blé, les rendements s'échelonnent entre 70 et 130 q/ha. Les poids spécifiques (PS) et les temps de chute sont bons, mais l'effet de dilution joue sur le taux de protéines, qui peine à atteindre 11,5%. Les orges brassicoles sont excellentes, avec des rendements de 75 à plus de 90 q/ha, de bons PS et calibrage, et près de 10% de protéines. Les escourgeons sont bons, avec des rendements moyens de 80 à 90 q/ha.
Normandie. La récolte, qui devrait s'achever d'ici une dizaine de jours, s'annonce très bonne pour l'instant. Dans les bonnes terres, les rendements devraient dépasser les 100 q/ha, alors qu'ils avoisinent les 75 q/ha sur les terres superficielles ou dans le cas de semis tardifs. Les protéines oscillent entre 10,5 et 12%. Le PS varie de 72 à 80 kg/hl selon le type de sol, la conduite culturale et la variété. Avec en moyenne 90 q/ha et de bon PS de 68 kg/hl, les orges d'hiver s'en sortent bien.
Bretagne. La météo peu clémente a retardé la collecte de blé tendre (20 à 30% en début de semaine). Les opérateurs sur le terrain espèrent que ce retard aura le moins de répercussions possible sur la qualité. Pour le moment, les rendements sont très bons, autour de 75-95 q/ha avec des PS de 76 kg/hl. Excepté dans la zone nord-ouest de la Bretagne, la récolte d'orge d'hiver touche à sa fin avec des rendements satisfaisants (70-75 q/ha).
Ile-de-France. La récolte de blé devrait se terminer rapidement. Les rendements sont très bons (80-100 q/ha) même si localement le piétin échaudage a pu faire des dégâts en blé sur blé. En revanche, le PS et la protéine sont tout juste corrects (76-77 kg/hl et 10,5 à 11%). Malgré une bonne qualité, les orges d'hiver sont un peu décevantes (70 à 80 q/ha) comparées à 2008. Avec 75-80 q/ha, les orges de printemps ont des rendements en baisse mais corrects, avec de bons calibrages et taux de protéines.
Champagne-Ardenne. La région renoue avec les bons rendements, la moyenne en blé tendre s'établissant entre 80 et 95 q/ha, avec des pointes jusqu'à 120 q/ha. La qualité est restée globalement correcte, bien que les pluies aient dégradé progressivement les PS et les temps de chute. La conduite culturale semble avoir été particulièrement déterminante, notamment au niveau de la protection fongicide et de la lutte contre les cécidomyies. En orge de printemps, la récolte est abondante et de qualité, avec des rendements de 70 à 80 q/ha, et des pointes à 90 q/ha. Les orges d'hiver, qui frôlent les 80 q/ha, sont également satisfaisantes.
Lorraine. Les bons rendements, supérieurs à 75 q/ha en moyenne, ont pour contrepartie une dilution des protéines. Les PS ont souffert des pluies mais sont restés en majorité supérieurs à 76 kg/hl. Les orges de printemps frisent la perfection, avec un rendement moyen entre 65 et 70 q/ha, soit près de 10 q/ha de plus qu'une année normale, et une qualité irréprochable.
Alsace. Le mois de juin a permis un bon remplissage des grains, compensant en partie le faible peuplement sortie hiver. Les rendements moyens du blé tendre vont de 55 à 100 q/ha, avec une moyenne estimée à 75 q/ha, les sols superficiels ayant souffert de déficits hydriques. Malgré les craintes liées aux pluies de juillet, la qualité est conforme aux standards.
Bourgogne et Franche-Comté. Les blés affichent des rendements très corrects, de 70 à 85 q/ha. Les PS sont parfois faibles, mais la qualité a globalement résisté aux pluies. Le rendement brassicole s'annonce très bon pour la région, avec des moyennes allant de 60 à 80 q/ha en orges de printemps, des calibrages exceptionnels et des taux de protéines corrects. Les orges d'hiver ont été les plus pénalisées, mais restent au-dessus de la moyenne quinquennale avec des rendements proches de 70 q/ha.
Centre. Les rendements moyens du blé tendre vont de 70 q/ha au sud de la région à 80-85 q/ha au nord. La qualité est assez satisfaisante (PS allant de 76 à 78 kg/hl et protéines entre 10 et 12,5%). Le blé dur présente de bons résultats, proches de 70-75 q/ha, et une excellente qualité. Les orges d'hiver et de printemps avoisinent 70-80 q/ha avec une très bonne qualité.
Pays de la Loire. La moisson de blé tendre se termine. Malgré une forte pression maladies et des attaques locales de cécidomyies, les rendements sont de l'ordre de 75 q/ha, avec une belle qualité pour l'ensemble des débouchés. Les résultats sont satisfaisants en blé dur, avec 68-70 q/ha à 14% de protéines, et presque pas de mitadin ni de moucheture. C'est aussi un bon millésime pour les orges d'hiver, avec en moyenne 70-75 q/ha et aucun souci de qualité.
Poitou-Charentes. Avec 70 q/ha en moyenne, des PS proches de 80 kg/hl et des taux de protéines compris entre 11,5 et 12,5%, la moisson de blé tendre est très satisfaisante. Quelques zones ont toutefois des résultats moindres en raison de fortes pluviométries et d'attaques de cécidomyies. Pour les blés durs, les rendements oscillent entre 55 et 65 q/ha et ont une qualité exceptionnelle (PS de 80 kg/hl et 13,5 à 14% de protéines). En orge d'hiver, les rendements (65-75 q/ha) et la qualité n'ont pas déçu.
Auvergne-Limousin. Quelle que soit la culture, la campagne a été très bonne. Les blés ont atteint 70-75 q/ha en moyenne grâce à une bonne fin de cycle et une météo printanière propice. Les PS sont bons et les protéines (11% en moyenne) varient selon le précédent et l'apport d'azote. En orge d'hiver, les rendements vont de 60 à 70 q/ha et les PS sont bons.
Rhône-Alpes. Des stress hydriques ont affecté les rendements, qui plafonnent à 40 q/ha dans certaines zones séchantes. Ailleurs, ils s'échelonnent jusqu'à 90 q/ha. Les PS sont excellents, de 80 kg/hl en moyenne, corrélés avec des taux de protéines plutôt faibles. En orge, les rendements sont en hausse, atteignant 70 q/ha en haut de la fourchette. La qualité est très satisfaisante. Pénalisés par des excès d'eau et des semis tardifs, les blés durs oscillent entre 40 et 45 q/ha.
Aquitaine. Avec les pluies de l'automne, les semis de blé tendre ont été très tardifs. Ils ont aussi subi les attaques de maladies en avril-mai. Les rendements sont donc inférieurs à ceux de 2008 et proches des 50-60 q/ha, avec une qualité plutôt bonne. Les orges d'hiver, semées plus tôt, n'ont pas souffert des pluies et sont passées au travers du coup de chaud, permettant des rendements de 60 à 70 q/ha.
Midi-Pyrénées. Avec des semis qui se sont étalés sur cinq mois, les rendements, très hétérogènes, ont plongé par rapport à la normale: -40% en blé dur (31 q/ha, avec des écarts de 10 à 70 q/ha), -30% en blé tendre (37 q/ha, avec des écarts de 20 à 70 q/ha) et -25% en orge d'hiver (44 q/ha). Dans le Tarn-et-Garonne, il y a eu moins de semis tardifs et les rendements sont de l'ordre de 55 q/ha en blé dur, 52 q/ha en blé tendre (-20% par rapport à 2008) et 47 q/ha en orge d'hiver. La qualité reste bonne.
Languedoc-Roussillon et Paca. Les blés durs sont plutôt bons, sauf dans l'Aude, avec 35 q/ha et une bonne qualité en Paca. Les semis d'octobre rendent mieux que ceux de novembre. Dans le Gard, 29 q/ha ont été relevés en blé dur, ce qui place cette année sous la normale des 32 q/ha. L'orge d'hiver affiche 35 q/ha.
Un marché lourd en blé tendre La bonne récolte de blé tendre en France et dans le monde rend le marché assez lourd. Au 4 août, avec un prix pour livraison rapprochée rendu Rouen de 125,5 €/t pour un blé standard, peu d'affaires étaient traitées. Cette campagne pourrait être moins volatile que les précédentes. Les coopératives annoncent des prix d'acompte entre 90 et 115 €/t pour un blé meunier standard. «Si le marché n'évolue pas, nous n'atteindrons pas le coût de revient, qui varie entre 120 et 130 €/t», s'inquiète un opérateur. Autre souci, tous les silos sont pleins et, dans certaines régions, le blé est même stocké sans abri. Avec la prochaine récolte de maïs et de tournesol, qui s'annonce également bonne, la place va vite manquer et des ventes en dégagement vont avoir lieu cet automne. Les cours risquent donc d'être encore sous pression. De leur côté, au vu de la bonne qualité de la récolte, les meuniers et fabricants d'aliment du bétail ne se sont pas couverts et sont en attente d'opportunités. Chez nos clients traditionnels (Maghreb), une bonne récolte est aussi au rendez-vous et ils devraient moins importer. Les exportations vers l'Egypte ont néanmoins permis de soutenir ce marché. «La qualité devrait être reconnue à l'export», estime un opérateur. Le Conseil international des céréales prévoit, au 30 juillet, une production à 654 Mt, soit 5% de moins qu'en 2008-2009. Les estimations de récolte s'améliorent aussi en Russie, aux Etats-Unis, en Chine et au Maroc. Les prévisions pour l'UE, le Canada et l'Argentine s'inscrivent en revanche à la baisse. Avec une consommation en baisse, les stocks mondiaux de blé devraient grimper pour atteindre 174 Mt, le niveau le plus élevé depuis 2001-2002. |
Colza : la bonne surprise de l'année Les récoltes de colza sont terminées ou sur le point de l'être dans le Nord-Ouest. Si les régions septentrionales évoquent de très bons, voire d'exceptionnels rendements, dans le Sud-Ouest les résultats sont plus moyens. Ainsi en Aquitaine et en Midi-Pyrénées, la bonne fin de cycle n'a souvent pas suffit à compenser les pluies automnales, qui ont noyé le colza. Les rendements sont en moyenne de 25-35 q/ha. Plus le colza est situé au nord et plus les rendements croissent. En Rhône-Alpes, en Auvergne et dans le Limousin, ils avoisinent les 30-35 q/ha. En Normandie, Picardie, Nord-Pas-de-Calais, les résultats sont en moyenne de 45 q/ha, avec des pointes à plus de 55 q/ha. Alors que souvent les colzas n'étaient pas beaux en cours de végétation, ils ont apparemment compensé en fin de cycle. Ils présentent parfois des poids de mille grains élevés, comme en Haute-Normandie, où ils frôlent les 5,5 g, soit 1 g de plus qu'habituellement. Les teneurs en huile devraient être bonnes. Par ailleurs, excepté quelques épisodes de grêle dans le Nord-Ouest, le cycle de la plante n'a pas été soumis à de fortes pressions parasitaires en 2009. Seule ombre au tableau : les prix ont fortement baissé ces dernières semaines. |