Alors que la filière française de la méthanisation attend les nouveaux tarifs de soutien, l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables a fait le point, le mercredi 21 octobre 2015, sur la sécurité des installations dans les deux pays. Si la France reste relativement exempte d'accidents graves, selon Roland Fendler, de l'Office fédéral de l'environnement, l'Allemagne en connaît chaque semaine : « La filière manque de conscience et de responsabilité par rapport à la matière », déclare-t-il. Ecoulements, pollutions de ruisseaux, accidents du travail, incendies et explosions s'y succèdent.
Organisée dans les locaux du ministère de l'Ecologie à La Défense, la journée de conférence a mis en lumière les risques potentiels pour les installations françaises, à l'image de la situation actuelle allemande. En effet, le nombre d'incidents outre-Rhin pousse les autorités à étudier une nouvelle réglementation pour améliorer la sécurité des quelque 8.000 installations de méthanisation réparties sur son territoire. Selon Roland Fendler, les trois quarts des installations présentent des défauts, depuis les fondations des digesteurs jusqu'à l'équipement des salariés. C'est ainsi une nouvelle réglementation détaillant des dizaines de mesures à la Prévert qui attend les Allemands, du contrôle des atmosphères explosives à la mise en place de zones réservées pompiers.
Formations, fiches et chartes à venir
Si la réglementation française ICPE, inspirée de la politique de prévention, propose déjà des dispositions sur la sécurité, selon Jean-Marc Onno, de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), de nombreux points restent à être améliorés, cela à l'initiative des exploitants et des constructeurs. Pour l'AAMF, ceux-ci doivent plus s'impliquer, communiquer et réaliser des efforts significatifs, ne serait-ce que dans les traductions en français des notices et fiches de travail allemandes et même la création de fiches et documents uniques, de fiches types, de plans de circulation, car « chaque installation est différente ».
Dans le même objectif d'assurer un maximum de sécurité, l'AAMF est partenaire avec le Club biogaz dans l'écriture d'une charte engageant les constructeurs et les exploitants, et qui sera présentée dans quelques semaines. De son côté, l'Ineris a annoncé travailler sur la rédaction de fiches thématiques pédagogiques pour le ministère. Elles seront communiquées aux exploitants à partir de la fin de l'année. Une autre charte engageant assureurs et Ineris est aussi en cours de finalisation. Pour Jean-Marc Onno, les éléments de communication sont primordiaux pour assurer la sécurité des installations : « Il faut se donner le temps de l'information et de l'échange », insiste-t-il. Précisant par ailleurs que l'AAMF organise des réunions d'information et étudie des propositions de formation avec l'association Aile et les chambres d'agriculture. M. Onno déclarait convaincu : « Les agriculteurs sont conscients des risques, ils n'ont pas le droit à l'erreur. Mais tout cela coûte cher, et on attend d'urgence les nouveaux tarifs. »