«Les marchés indiquent clairement une pénurie énergétique et alimentaire», a estimé l'économiste Philippe Chalmin, lors de la présentation de l'édition de 2008 du «Cyclope, les marchés mondiaux», le mardi 20 mai 2008. Il fait état d'une situation «exceptionnelle» des marchés des matières premières pour l'année écoulée. «Stupeur» sur les marchés avec une crise de confiance dans les acteurs financiers et bancaires sans précédent depuis 1929. «Tremblements» sur les marchés des commodités qui retrouvent les prix du début des années 1970 (en valeur constante).
L'année 2008 marque une rupture pour les matières premières agricoles dont les prix flambent (à l'exception du sucre) avec des cours des céréales multipliés par trois ou quatre. «Les prix pourraient se stabiliser – en conservant un niveau élevé – si les prévisions de récolte exceptionnelle de céréales pour 2008 se confirment, c'est-à-dire si le climat suit», a expliqué Philippe Chalmin.
«Le marché des viandes (moins de 10% des viandes sont exportées) a enregistré une hausse moyenne de 10% alors que les prix des aliments ont augmenté de 35%: en 2008, il faudra un rattrapage sur les prix de la viande pour que le modèle soit viable», a estimé Jean-Paul Simier, directeur en charge de l'agriculture au conseil régional de la Bretagne et co-auteur de l'édition du Cyclope de 2008.
Pour Philippe Chalmin, la flambée des prix des céréales est l'occasion de baisser les aides Pac et de rémunérer l'agriculture pour ses fonctions non directement productives. En citant le nombre de contrats sur Euronext, l'auteur en déduit que «les agriculteurs ont fait leur mue: il est temps de passer au marché». Pour l'élevage, «le découplage est à éviter car il provoquerait un effondrement de la production».
«Des innovations technologiques seront nécessaires pour doubler la production agricole en raisonnant à surface constante», selon l'économiste qui défend une utilisation raisonnée aux OGM.