« On pensait les marchés calmés par un stock mondial de blé important et des superficies en hausse aux Etats-Unis. C'était sans compter avec les rendements catastrophiques en Amérique du Sud, la vague de froid qui a impacté l'Europe et aujourd'hui, la menace que fait peser la sécheresse. Dans ces conditions, l'hémisphère Nord devrait rester sous tension jusqu'à la moisson », a déclaré Benoît Labouille, directeur général d'Offre & Demande Agricole lors d'une conférence de presse du mercredi 4 avril 2012.
Concernant les dégâts du gel en France, ODA table sur des pertes de l'ordre de 330.000 hectares en blé, 130.000 ha en orge d'hiver et des ressemis orientés en grande partie vers l'orge de printemps (+250.000 ha) et le maïs (+60.000 ha).
Les ressemis en orge de printemps devraient conduire à une surface d'orge très importante de 760.000 hectares contre 491.000 ha en 2011. En plus de ces retournements de cultures, il faudra tenir compte des baisses de densités relevées sur certaines régions avec des pertes de 20 à 30 % des pieds.
Au-delà du gel, ce sont les bilans hydriques qui préoccupent actuellement avec des précipitations inférieurs de 30 à 50 % par rapport à la normale en France, Allemagne et Angleterre. En Ukraine et en Russie, le contexte semble plus favorable après les importantes chutes de neige de janvier et février.
Au niveau de l'UE à 27, ODA estime la production de blé tendre 2012 à 126,7 millions de tonnes (Mt) contre 129,9 Mt en 2011. Celle du colza est évaluée à 19 Mt identique à 2011 déjà très faible. Dans ces conditions, il n'y aura pas de reconstitution des stocks européens, voire une diminution notamment sur le blé (- 1,5 Mt).
En France, la production de blé tendre est estimée à 34,5 Mt par ODA contre 34 Mt en 2011. En Pologne, les pertes en blé se chiffrent entre 30 et 40 % et la production 2012 devrait s'établir à 7,2 Mt contre 9,2 Mt en 2011.
En Ukraine, et sur la zone de production de la Volga (Russie), les problèmes de levées en automne ont impacté la production. Ainsi, en Ukraine la production est estimée à 14 Mt contre 22 Mt en 2011.
Au Maroc, le ministère de l'Agriculture table sur une récolte catastrophique de 2,5 Mt (contre 6 Mt en 2011), après la période de sécheresse qui a affecté les zones de production. Le Canada est également une zone à risque même si les semis n'ont pas encore été réalisés, le déficit hydrique est d'environ 50 % par rapport à la normale.
Les Etats-Unis ont bénéficié de récentes averses qui ont favorisé le développement des cultures d'hiver et favoriseront la levée des cultures de printemps. Avant l'hiver, 50 % des cultures avaient un niveau bon à excellent contre 58 % aujourd'hui. Les semis de blé de printemps et de maïs sont en avance et ont déjà débutés.