Les pluies survenues au cours du mois de juin devraient limiter les dégâts sur les productions de céréales, sans pouvoir éviter la dégradation des rendements par rapport à ceux de 2010, a indiqué mardi la société de conseil en gestion du risque des prix Offre et Demande Agricole (ODA).
Si les pluies ont permis d'« éviter la catastrophe » pour les cultures, leur apparition trop tardive n'a pas permis d'éviter la dégradation des rendements. L'arrivée de nouvelles pluies pourrait même laisser craindre dans certaines situations une dégradation de la qualité des grains récoltés, a déclaré Benoît Labouille, directeur général d'ODA. La météo de juin, et les conditions de récoltes des prochains jours sont décisives, a-t-il expliqué.
C'est dans le Sud-Ouest, dans l'Aude et en Bourgogne que les effets de la sécheresse se font le plus sentir, a indiqué B. Labouille.
Les premières remontées de récoltes en orge d'hiver, colza, pois et blé font état d'une grande hétérogénéité selon les zones de production, et d'une baisse de rendement globale de 10 à 15 % par rapport à 2010, « année normale », affirme le directeur général d'ODA.
Pour l'orge d'hiver, au début de juillet, alors que la moisson est avancée à 80 %, le rendement chuterait de 5 % à 15 % à 57 quintaux par hectare (q/ha) en moyenne (-12 % par rapport à 2010). La production reculerait à 8,7 Mt, contre 10,15 Mt l'an passé.
La récolte du pois est en phase de démarrage avec 30 % de la production collectée au début de juillet. A ce stade, la perte de rendement est estimée entre 20 et 30 %.
Les récoltes de blé commencent juste dans le Poitou-Charentes et le Berry. En extrapolation, les pertes de rendements varieraient de 10 à 15 % selon les zones, par rapport à l'année dernière.
La France devrait produire 32 à 32,5 millions de tonnes de blé, contre 35,6 Mt produits en 2010 et 36,5 Mt en 2009. 2011 serait une des plus faibles récoltes de ces dix dernières années derrière celle de 2007 (30,8 Mt) et 2003 (29,1 Mt).
ODA précise que pour l'orge d'hiver, le pois et le blé, « la dégradation des rendements est conforme aux attentes ».
En revanche, pour le colza dont la moisson est avancée à 20 % selon ODA, les agriculteurs font remonter des variations de rendement entre 0 et -10 % selon les zones, avec une très forte hétérogénéité. « La production sera meilleure qu'attendue », estime ODA, de l'ordre de 30 à 35 q/ha, avec une moyenne autour de 31 q/ha, soit une perte de rendement de l'ordre de 5 % par rapport à 2010.
Les orges de printemps, destinées à la brasserie, devraient être les plus impactées par la sécheresse, les pluies trop tardives ne leur ayant pas permis de récupérer leur potentiel.
Si les pluies de juin ont réussi à sauver les cultures de maïs et de tournesol, leurs rendements s'annoncent hétérogènes, et plutôt faibles pour le tournesol.
ODA résume le printemps de 2011 ainsi : « Alors qu'au 31 mai, la situation de sécheresse était potentiellement catastrophique pour les cultures en France, les précipitations du mois de juin sont arrivées à point nommé pour détendre la situation et permettre un remplissage correct des grains. »
Ce qui n'empêchera pas une tension sur le marché européen, du fait de cette baisse de production. Ce dernier sera « prime sur le marché mondial », autrement dit les céréales européennes se vendront au-dessus des cours mondiaux.
La baisse de la production en blé (de 4 ou 5 millions de tonnes en moins pour la France et de 6 ou 7 Mt pour l'UE au global) s'accompagnera d'une diminution du surplus exportable. On passerait de 19 Mt de blé exportées depuis la France vers l'UE en 2010-2011, à 13 Mt durant cette campagne. « On va aller moins loin pour exporter notre blé », souligne B. Labouille. Conséquence : les exportations françaises vers les pays tiers chuteraient à 7 Mt en 2011-2012, contre 13 Mt la campagne précédente.
Pourtant, après la déconvenue de l'offre russe et ukrainienne de l'année dernière, malgré la reprise de leurs exportations au 1er juillet 2011 (ODA annonce entre 15 et 17 Mt à l'exportation pour la Russie) et de leur volonté de reprendre leur place d'exportateurs majeurs sur le pourtour méditerranéen, la France pourrait conserver l'Égypte parmi sa clientèle, estime ODA.