La Coordination rurale (CR) et son Organisation des producteurs de grains (OPG) tirent la sonnette d'alarme « avant qu'il ne soit trop tard » sur les importations de maïs ukrainien qui « plombent le marché français ».
« Alors que les producteurs français de maïs subissent depuis six mois des prix en retrait de 30 €/t par rapport au prix du blé à cause notamment de la concurrence ukrainienne, l'Union européenne s'apprête à faciliter encore cette concurrence déloyale en ouvrant davantage le marché aux produits agricoles ukrainiens », s'insurgent les organisations syndicales dans un communiqué du 25 mars 2014.
« La chute du prix du maïs français en dessous du seuil de rentabilité pour nos agriculteurs est due à l'importation massive de maïs ukrainien au sein de l'UE, expliquent la CR et l'OPG. Sur cette campagne, l'Ukraine va exporter 30 millions de tonnes de céréales (plus que les exportations de l'UE à 28 membres !), dont 19 Mt de maïs, soit plus que la production française de 13 Mt. L'Europe est devenue le plus gros client de l'Ukraine qui y déverse ses excédents. »
Les syndicats regrettent qu'« au lieu de vouloir réguler le marché et respecter le principe de préférence communautaire en stoppant ces importations, la Commission européenne demande aux Etats membres et au Parlement européen de valider un projet d'accord de libre-échange pour qu'il puisse être effectif dès le mois de juin 2014, l'objectif étant d'aider Kiev dans la tourmente politique ».
« Les problèmes actuels de l'Ukraine ne gênent en rien ses exportations agricoles. Bien au contraire, avec une monnaie qui baisse et des exportations de céréales qui se font en dollar US, la situation est très favorable pour les grandes fermes ukrainiennes », estiment la CR et l'OPG qui se demandent pourquoi « la filière française est silencieuse face à ces importations de maïs qui déstructurent le marché européen ».
« Ce mécanisme pervers permet en fait de réexporter plus de blé vers les pays tiers : plus on importe de maïs, plus on a de blé à exporter ! », détaillent les organisations pour qui « ce jeu est très dangereux. L'UE a déjà abandonné les protéines végétales et se trouve dépendante des importations de soja OGM pour nourrir son bétail. Si l'UE poursuit dans cette voie, dans quelques années la sole de maïs se réduira au profit de la monoculture de blé, les élevages devront avoir recours à des importations de maïs OGM ».