« Serrons-nous les coudes et le loup n'aura pas le dernier mot », a lancé Yves Derbez, lundi à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), lors de l'assemblée générale de l'association Éleveurs et Montagnes, qu'il préside. Le plan national loup « n'est pas idéal, mais il comporte des éléments nouveaux positifs », a-t-il insisté devant environ deux cents personnes.
Yves Derbez a rappelé qu'Eleveurs et Montagnes ne s'occupait que de prédation et que son combat était complémentaire de celui des syndicats. « Nous ne sommes pas et ne serons jamais concurrents, a-t-il ajouté. J'aimerais, comme Coluche jadis pour les Restos du Cœur, voir le jour où notre association sera devenue inutile.
Le responsable a ensuite indiqué que l'association restait vigilante sur la mise en place du nouveau plan loup. « Nous ferons régulièrement le point sur l'avancée. Le premier à la fin de juin, et le suivant à la fin de septembre. Le plan loup peut et pourra encore évoluer. Nous serons là pour ça », a-t-il souligné.
Laurent Garde, du Centre d'étude de réalisations pastorales Alpes Méditerranée (Cerpam), a ensuite apporté son expertise technique. « Les attaques continuent d'augmenter dans certains secteurs. On ne sait pas si on ne va pas perdre la maîtrise de la situation ou si on ne l'a pas déjà perdue. Les choix politiques qui ont été faits jusqu'à maintenant reviennent à dresser le loup à consommer l'ovin. » Pourquoi ? Parce que les éleveurs n'ont cessé de dresser des obstacles entre le loup et sa récompense (les brebis). Mais, comme il n'y a aucun risque pour lui, il déjoue les obstacles les plus sophistiqués.
Réapprendre le risque au loup
« Aujourd'hui, le défi est d'arriver à inverser un comportement qui est complètement acquis pour cette population de loups en France. Il faut lui réapprendre à craindre les activités humaines. Nous sommes sur la dernière chance. Il faudrait arriver à saturer le dispositif pour en démontrer son efficacité ou sa non-efficacité. »
Le député-maire de Forcalquier, Christophe Castaner, qui conduit les débats au sein du groupe national loup, a ensuite affirmé qu'une des missions du prochain plan loup était de réapprendre le risque au loup alors que le précédent était construit sur la mise en place des mesures de protection.
Rappelé dans sa mairie, celui-ci n'a pas assisté aux témoignages d'exploitants qui sont au bout du rouleau. Beaucoup semblent hostiles au nouveau plan. C'est le cas de Christophe Gabert, de la Fédération des acteurs ruraux. « Ce plan réaffirme la volonté de faire croître le nombre de loups », signale-t-il.
Les Pyrénéens sont aussi venus témoigner de leur expérience. Pour Bruno Besche, porte-parole de l'ADDIP (Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées), « le problème de fond est celui de la volonté d'ensauvagement des massifs. Il y a une volonté de désappropriation du droit des gens sur leur terrain. Nous continuerons de nous battre pour rester maîtres sur nos territoires ».