Le prix des lecteurs Terra a été remis à Edgar Pisani mercredi au Salon de l'agriculture, un hommage rendu à cet homme au parcours exceptionnel et une distinction pour l'ouvrage collectif «Une politique mondiale pour nourrir le monde», selon l'auteur.
Edgar Pisani, tout comme les experts dont il s'est entouré, ne croit pas que le marché réglera la marche du monde. «Le marché est nécessaire comme mécanique. Il est détestable comme loi», a-t-il expliqué.
A supposer que les marchés puissent être soumis au mécanisme de libre-échange, peut-on impunément ruiner la moitié des habitants de la terre? Que deviennent les miséreux? Edgar Pisani s'est interrogé lors des débats qui ont précédé la remise du prix.
«Les politiques auront-ils le courage d'agir? Cette humanité est assez folle pour détruire ce qui la nourrit. C'est singulier que l'Europe, seule zone de libre-échange au monde, continue de se faire tailler des croupières par l'OMC. Il faudrait six ou sept zones de libre-échange organisées et qui négocient entre elles. A 200 pays, il n'y aura jamais d'accord», a-t-il expliqué.
Selon Bertrand Hervieux, qui a reçu le prix du jury Terra, «le modèle de développement à venir devra concilier un mode plus proche du jardinage avec une autre agriculture plus exportatrice. Il faut réinventer une politique minutieuse sur le territoire. Pendant trente ans, les discours ont poussé les pays à abandonner les politiques agricoles nationales. Il faut reconstruire leur légitimité».