Une cinquantaine de légumiers, mais aussi des représentants d'éleveurs et du secteur horticole, ont manifesté dans le calme mercredi matin à Saint-Brieuc et déversé des choux-fleurs devant la préfecture des Côtes-d'Armor, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette manifestation intervient alors que le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll reçoit dans le même temps, à Paris, les producteurs de légumes bretons qui réclament des mesures concrètes face à la dégradation de leur chiffre d'affaires notamment.
Les manifestants ont accroché deux banderoles aux grilles de la préfecture sur lesquelles sont inscrits les slogans : « Le Foll = paroles, place aux actes », et « Le gouvernement : bidasses en dérive ». « Il faut prendre ''bidasses'' dans le sens de ''charlots'' », a expliqué un manifestant.
Ces derniers ont déposé des pots de fleurs devant le bâtiment où avaient pris place des forces de l'ordre, avant que ne soient déversées une centaine de cagettes remplies de choux-fleurs. Une délégation de huit personnes était reçue par le préfet.
Extrêmes difficultés
« On veut mettre en avant la conjoncture et les extrêmes difficultés que nous rencontrons depuis le début de l'année », a expliqué Hervé Conan, président de la section des légumes de la FDSEA des Côtes-d'Armor. « L'embargo russe a des conséquences très importantes sur nos exploitations », a-t-il ajouté.
En Bretagne, « les mesures phytosanitaires deviennent de plus en plus contraignantes. On demande un peu de souplesse », a-t-il déclaré. « On veut aussi parler de l'emploi : est-ce qu'il est normal qu'on fasse appel, avec un tel taux de chômage, à de la main-d'œuvre venant de l'extérieur du territoire ? »
« On n'attend rien du ministre », a pointé de son côté Françoise, agricultrice de Ploubazlanec, près de Paimpol. « Il n'a pas compris la douleur des légumiers et des agriculteurs, et de toute façon, il ne pourra rien faire car il a l'Europe derrière. »
Les manifestants ont reçu le soutien des représentants du secteur de l'emballage en bois, qui représente quelque 400 emplois sur le bassin légumier des Côtes-d'Armor.
« J'ai 24 taxes, 70 contrôles par an, et je dois remplir 32 documents déclaratifs », a pointé le chef d'une entreprise de cagettes, Philippe Samson.
« Plus de 50 % de nos résultats vont à l'État. Ça ne peut plus durer. Ce n'est pas parce qu'on est des agriculteurs qu'on doit vivre dans la merde », a-t-il dit.