Le Crédit Agricole a payé en 2008 un lourd tribut à la crise, au point de voir ses bénéfices divisés par 4, mais revendique une solidité à toute épreuve.
«Nous sommes parmi les banques qui ont dégagé un résultat positif en 2008, face à une crise dont l'ampleur n'a jamais été constatée, du moins sur la période récente», a souligné son directeur général, Georges Pauget, qui a vanté la «capacité de résistance» et la «réactivité» du groupe.
Crédit Agricole SA, la seule partie cotée du groupe, a dégagé un bénéfice d'un milliard d'euros, en baisse de 75% sur un an, tandis que le groupe Crédit Agricole affiche un résultat net de 2,5 milliards d'euros (-55%).
Le groupe distribuera un dividende (0,45 euro par action) mais celui-ci ne représente qu'un sixième du bénéfice, a-t-il souligné.
Parmi les banques françaises, Crédit Agricole a réalisé la deuxième meilleure performance en termes de résultats, derrière BNP Paribas mais devant Société Générale, Natixis ou encore Caisse d'Epargne, toutes deux en perte.
Et il affiche une solvabilité parmi les plus élevées du secteur. En conséquence, la direction a réaffirmé que Crédit Agricole se passerait du deuxième prêt proposé aux banques par l'Etat pour renforcer leurs fonds propres.
Même si le groupe est solide, la banque a souffert en 2008, au titre de la crise financière et de la crise économique.
Crédit Agricole étant la banque française qui avait le plus investi dans des actifs liés à l'immobilier américain, qui se sont révélés "toxiques", ses résultats en portent la trace.
Mais le bénéfice a aussi été amputé par la très forte hausse de ses provisions pour créances douteuses, qui s'élèvent à 3,2 milliards d'euros.
Ces provisions reflètent la détérioration de la situation économique qui a affecté ses clients, qu'ils soient des particuliers, des PME ou des grandes entreprises.
A la recherche de «relais de croissance», Crédit Agricole s'est fortement internationalisée à partir de la fin de 2005, mais ses investissements (en Grèce, en Italie, en Ukraine, etc.) ne se révèlent pas tous payants aujourd'hui, alors que la crise est devenue mondiale.
M. Pauget a d'ailleurs affirmé que la banque n'envisageait pas d'opération «majeure» de croissance externe, préférant se concentrer sur le pilotage de la crise. Ce qui ne l'a pas empêché de conclure avec la Société Générale une alliance dans la gestion d'actifs et dans le courtage.
Le Crédit Agricole avait pris dès le mois de mai des mesures pour limiter ses risques de perte sur les marchés, qui lui ont évité de subir aussi violemment que la majorité de ses concurrents les contrecoups de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers au quatrième trimestre.
Il s'efforce également, comme ses pairs, de réduire ses coûts. 450 départs sont prévus chez Calyon et les bonus ont été réduits au minimum.