Une centaine de producteurs laitiers européens ont déversé jeudi des milliers de litres de lait sur une esplanade proche de la Commission européenne pour protester contre la chute des cours et réclamer plus de régulation du marché, a constaté l'AFP.
Les producteurs, notamment français, polonais, néerlandais, allemands et italiens, répondaient à un appel de l'European Milk Board (EMB), qui revendique 100.000 membres dans 214 pays européens. Ils ont rempli une mare de lait, dans laquelle ils ont planté des effigies des 28 dirigeants européens et du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et les ont ensuite brûlées.
L'EMB entendait par cette action « symbolique » sonner la mobilisation pour obtenir des autorités européennes « la mise en place d'un système de régulation et de prévention des crises » de surproduction, a expliqué un de ses responsables français, Paul de Montvallon. « Il y a trop de lait, les cours redescendent à leur niveau de 2009 », année de la dernière grande crise laitière européenne, a-t-il affirmé. « Si la Commission ne bouge pas, nous reviendrons en nombre dès le début de l'année prochaine », a-t-il mis en garde.
Les producteurs redoutent une chute libre des cours une fois la production européenne affranchie, en avril prochain, des quotas qui l'encadraient depuis 1984.
Le lait payé 0,33 €/l en 2015
Selon la Commission, les livraisons de lait dans l'UE devraient atteindre en 2014 un record de 147 millions de tonnes, à la suite de l'envolée des cours en 2013 causée par la demande chinoise et dans la perspective de la fin des quotas. Du coup, la Commission prévoit une poursuite de la baisse du prix du lait, qui s'établirait en 2015 autour de 33 centimes d'euro le litre, contre 0,40 €/l à la fin de 2013.
L'embargo russe sur l'agroalimentaire européen a accentué la pression sur les cours. Selon la Commission européenne, ils étaient en octobre inférieurs de 35 % aux niveaux de 2013 pour la poudre de lait.
« Je ne suis pas contre la suppression des quotas, mais il faut compenser avec un mécanisme de régulation de la production », a affirmé M. de Montvallon. L'EMB prône un mécanisme appuyé sur une agence de surveillance du marché européen. En cas de crise, s'appliquerait alors un système de bonus/malus pénalisant le producteur qui augmente quand même sa production et lui offrant au contraire une prime s'il la baisse.
La précédente Commission européenne a mis en place en 2013 un Observatoire du marché du lait dans la perspective de la fin des quotas, mais sans mécanisme d'intervention. La commission de l'agriculture du Parlement européen a demandé au début de décembre au nouveau commissaire à l'Agriculture, Phil Hogan, d'envisager de « nouveaux instruments pour combattre la volatilité des cours ».
Les services de la Commission jugent toutefois qu'à moyen terme, les perspectives du secteur laitier sont bonnes, avec un prix qui devrait se stabiliser après 2015 autour de 0,35 €/l.