A l'appel de l’European Milk Board (EMB), une centaine de producteurs de lait français, belges et allemands étaient réunis mardi au pied du bâtiment de la Commission européenne, à Bruxelles. Au son d'une fanfare, ils ont brûlé un mannequin en paille représentant la commissaire à l'agriculture sortante, Mariann Fischer Boel, en guise d'adieu et de marque de désapprobation envers sa politique jugée trop libérale.
« Pendant cinq ans, Mariann Fischer Boel a oeuvré à une dérégulation du marché du lait. Nous la tenons pour responsable de la baisse des prix qui nous met tous en grave difficulté financière », accuse Richard Blanc, un Français membre de l'Apli (association des producteurs de lait indépendants).
Son successeur n'a pas encore fait ses preuves, mais il part avec un a priori favorable. « Dacian Ciolos ? Il pourrait difficilement être pire que Fischer Boel! », résume Michel Willeme, éleveur dans les Ardennes belges.
Visiblement, l’EMB estime qu'il obtiendra davantage d'écoute de la part du nouveau commissaire que de la part de Mariann Fischer Boel. Dans un communiqué, le syndicat félicite en effet Dacian Çiolos pour sa nomination et se déclare « convaincu que ce nouveau commissaire, doté de fortes compétences dans les affaires agricoles, sera très prochainement prêt à entamer un dialogue approfondi avec les producteurs laitiers européens ».
Dans ce même communiqué, l'EMB rappelle ses revendications. Le 2 février dernier, il a été auditionné par le « Groupe d’experts de haut niveau » créé par l'UE, à l'occasion d'une réunion de ce dernier. Le syndicat a réaffirmé que « seule une régulation européenne peut maintenir l’équilibre du marché laitier à court et à long terme », explique-t-il.
Pour lui, « les solutions nationales, de même que les propositions faites par quelques laiteries et gouvernements de réguler la production par des contrats entre producteur et laiterie, manquent leur cible. De telles mesures affaiblissent la position de force des éleveurs dans les négociations et amplifient les fluctuations de la production et des prix ».
Le syndicat suggère à l'UE d'établir des « conditions cadres qui renforcent la position de force des producteurs laitiers et qui leur donnent les instruments nécessaires à une régulation de la production ». Il demande aussi que l'UE participe à la structuration du marché laitier en instaurant une instance de surveillance qui garantisse la défense des intérêts de tous les acteurs. Pour cela, il suggère la création d’un « office de surveillance », dans lequel seront représentés les producteurs laitiers, les transformateurs et les distributeurs, mais aussi la classe politique et les consommateurs.
« Il est essentiel d’assurer pour le marché européen et pour les marchés des autres régions du monde une protection extérieure qui empêche le dumping des produits laitiers », a insisté Romuald Schaber, président de l’EMB.