Lors de son discours de rentrée devant le Parlement européen mardi, la commissaire européenne à l'Agriculture a pointé la nécessité de mettre en œuvre une action pour aider les producteurs laitiers à se sortir d'une situation «sérieuse». Elle doit être certes «compatissante», a indiqué Mariann Fischer Boel, pourvu qu'elle soit «efficace» et pensée non seulement sur du court terme, mais également sur du long terme.
La commissaire a réitéré son désaccord avec les «quelques personnes [qui] ont soutenu le système des quotas laitiers» comme l'outil pouvant «garantir l'avenir du secteur».
«L'avenir à long terme du système des quotas est clair: il sera supprimé en 2015, a-t-elle martelé. C'est le chemin que nous avons tracé dans la réforme (de la Pac) de 2003. Et nous avons réellement commencé à abondé dans cette direction avec le bilan de santé de la Pac. Des chefs d'Etats et de gouvernements européens ont confirmé cette année que c'est la bonne voie.»
«A court et moyen terme, réduire les quotas (laitiers) – comme certains l'ont demandé – ne serait pas non plus la bonne recette», a t-elle estimé.
«Nous avons demandé (aux agriculteurs) de se préparer à un secteur laitier sans quota. Si nous faisons demi-tour maintenant, il y aura une confusion totale» avec des dégâts collatéraux là où les producteurs ont besoin de «prévisibilité», a t-elle prédit.
La commissaire est revenue sur la proposition du Parlement européen de créer un «fonds laitier» pour soutenir la restructuration du secteur. Si elle a reconnu la «nécessité de restructurer le secteur laitier dans quelques parties de l'Union européenne», en revanche elle ne croit «toujours pas que cette proposition particulière (du Parlement) soit la solution pour y parvenir».
Mariann Fischer Boel a insisté sur les mesures déjà prises en ce sens et sur celles à venir.
«Le bilan de santé de la Pac et le paquet de mesures pour la reprise économique vont apporter 4,2 milliards d'euros pour faire face à "de nouveaux défis", parmi lesquels la restructuration du secteur laitier. Et je crois que cet argent "réel" (déjà budgétisé) aidera grandement ce secteur à y parvenir et à établir sa feuille de route sur le long terme», a t-elle expliqué.
En 2009, les dépenses supplémentaires allouées au secteur laitier dans le cadre des restitutions à l'exportation et pour l'intervention (en raison de la crise) «seront d'environ 600 millions d'euros», a précisé la commissaire. «Nous prévoyons des dépenses pour un montant total de 400 millions d'euros pour le secteur laitier dans l'exercice budgétaire de 2009 et 600 millions d'euros en 2010 – soit plus de 1 milliard d'euros en deux ans», a t-elle ajouté.
«C'est un peu plus que de l'argent de poche», a t-elle ironisé.
Mme Fischer Boel a souligné que ces aides commencent «à faire (leur) effet: le marché retrouve un équilibre et les prix du lait se sont stabilisés. Récemment, nous avons même vu que des prix s'améliorent légèrement, et cette amélioration devrait maintenant commencer à se répercuter sur le prix du lait payé aux agriculteurs», a t-elle dit.
La commissaire s'est dite également «intéressée par ce qui arrive dans la relation entre les producteurs laitiers et le reste de la chaîne alimentaire. Tandis que les prix payés aux producteurs pour leurs produits laitiers ont plongé en dessous du niveau auquel ils étaient avant la pointe des prix de 2007, les prix à la consommation sont toujours 14% plus élevés qu'à cette époque», s'est-elle indignée.
«Cela me fait dire qu'il y a des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement [des produits laitiers], et j'attends avec impatience de présenter l'analyse de la Commission à ce sujet à la fin de cette année», a conclu la commissaire.
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