Les producteurs qui livrent leur lait au groupe Entremont Alliance, très fragilisé par la chute des cours mondiaux des produits industriels (beurre, poudre), ont donné jusqu'au 15 juillet à l'entreprise pour les informer sur son avenir et ses repreneurs potentiels.
«Nous avons donné un ultimatum au 15 juillet 2009 à la direction d'Entremont Alliance. A cette date, elle doit nous donner une lisibilité sur l'avenir du groupe, elle doit nous informer sur ses repreneurs potentiels avec des dates en face (un calendrier)», a déclaré lundi Jean-Pierre Clément, président départemental de l'Organisation des producteurs Entremont (OPE), lors d'une conférence de presse à Plérin (Côte-d'Armor).
Au 15 juillet 2009, «que la direction nous donne une feuille de route, qu'elle nous dise qui entre dans le capital et qui reprend la paie des éleveurs» livrant leur lait à Entremont Alliance, a poursuivi Jean-Pierre Clément. «On travaille sur le long terme, on veut un projet industriel solide», a-t-il ajouté.
Créée il y a deux semaines, l'OPE vise à rassembler et fédérer le maximum des 5.500 producteurs bretons livrant à Entremont, indépendamment de toute appartenance syndicale, afin d'«établir un rapport de force favorable avec la direction» du groupe.
En raison de ses difficultés économiques, Entremont Alliance est le transformateur qui paie actuellement le prix le plus bas aux producteurs. Pour 1.000 litres, l'opérateur paie de 27 à 38 euros de moins que les autres groupes laitiers, a relevé Erwan Daniel, membre du bureau de l'OPE. «C'est inacceptable que, dans un même village, entre voisins, à qualité égale, il y ait de telles disparités de prix», a-t-il affirmé.
Entremont, qui exporte 40% de sa production en poudre de lait et beurre, est particulièrement touché par la chute du prix de ses produits industriels sur le marché mondial.
Le groupe achète également du lait à quelque 500 producteurs de la Franche-Comté. Mais ceux-ci sont mieux rémunérés car ils se trouvent dans une zone AOC (appellation d'origine contrôlée) et livrent «un produit à forte valeur ajoutée», selon l'OPE.
Selon l'organisation, les dettes d'Entremont Alliance sont évaluées à 375 millions d'euros. Mais l'OPE compte bien «faire reconnaître comme dette» supplémentaire le manque à gagner subi par les producteurs, du fait du faible prix d'achat du lait par le groupe.
«S'il y a une reprise d'Entremont Alliance, il faut que le repreneur ait ça dans les dettes, que le producteur ne soit pas oublié dans la transaction», a affirmé Jean-Pierre Clément, commentant: «On a servi de banquier depuis un an, qui plus est à taux zéro!»
«Seul, Entremont Alliance n'est plus viable. Plus ça va, plus ça décroche. Il faut que le groupe solde sa dette aux producteurs et disparaisse», a-t-il estimé, tout en insistant: «On veut éviter le dépôt de bilan.»