Après 2015, « Quel avenir pour les producteurs de lait ? ». C'est autour de ce vaste sujet que se sont concentrés les acteurs de la filière laitière à Fougères (Ille-et-Vilaine), le 29 novembre 2012, lors d'un colloque organisé par la Confédération paysanne.
Des responsables syndicaux de tous bords y ont débattu, y compris des représentants européens : Confédération paysanne, mais aussi FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait, association spécialisée de la FNSEA), JA (Jeunes Agriculteurs), EMB (European Milk Board) (1), ECVC (Via Campesina) (2) et FFE (Fairness for Farmers in Europe). Tous s'accordent sur la nécessité d'une régulation des marchés au niveau européen.
La représentante espagnole d'ECVC, Isabel Villalba, a par ailleurs réclamé le maintien d'une Pac forte, seule garantie, selon elle, pour éviter des excédents et leur impact à la baisse sur les prix. Elle réclame une indexation du prix du lait sur celui des intrants. « Une somme de contrats individuels ne se substitue pas à une politique européenne forte », estime-t-elle.
Les questions de la salle se focalisant sur la restructuration de la filière laitière française, il a finalement beaucoup été question des OP (organisations de producteurs) et des contrats.
Patrick Ramet (FNPL) estime la contractualisation inévitable : « Aujourd'hui, les quotas ne suffisent plus, il fallait d'autres outils. » Pour le syndicaliste, « il faut une interprofession renforcée, des organisations économiques et collectives des producteurs, une contractualisation pour formaliser les rapports avec les industriels. Il faudra sans doute aussi redéfinir le rôle du syndicalisme ».
Sans prétendre que le système actuel d'OP est idéal, « on a fait le choix de partir de groupements existants mais rien n'est figé. On apprend en marchant, se défend-t-il, la première étape est réalisée, demain, les OP se restructureront peut-être entre elles pour aboutir à des OP transversales ou verticales ».
Jérôme Chapon, de JA, réclame quant à lui la possibilité de double adhésion des OP à des AOP transversales à l'échelle d'un bassin laitier, et à une AOP verticale pour négocier les éléments du contrat avec chaque entreprise selon ses spécificités.
Yves Sauvaget, de la Confédération paysanne, s'interroge : « Où se tiendront réellement les discussions à l'avenir ? Il faut que ce soit dans l'interprofession, quand elle aura ouvert ses portes aux minoritaires ». Pour cela, il estime indispensable que des OP transversales par bassin laitier soient créées, et que ces OP siègent au sein des Criel (interprofessions laitières régionales).
Daniel Chevreul (Bongrain), représentant la Fnil (Fédération nationale des industries laitières ), rebondit sur le sujet : « La mise en place des OP est importante. Elle équilibre les relations et remet le producteur au cœur des discussions ». Il appelle donc les éleveurs à s'organiser vite. Pour autant, au sujet de la maîtrise des volumes, il rappelle que c'est la demande des marchés – en particulier des marchés mondiaux – qui orientera la production. Il estime aussi indispensable une réflexion sur un système assuranciel, permettant de faire face aux aléas du marché ou à une hausse des coûts de production.
En clôture du colloque, Gérard Durand, secrétaire national de la Confédération paysanne, a lu la déclaration commune d'ECVC, EMB et FFE, élaborée à cette occasion.
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(1) En France, font partie de l'EMB, l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) et l'Organisation des producteurs de lait (OPL, branche de la Coordination rurale).
(2) En France, font partie de Via Campesina, la Confédération paysanne et le Modef.
Téléchargez la déclaration commune de ECVC, EMB et FFE le 29 novembre 2012 à Fougères.