Les éleveurs de chèvre ont pique-niqué le 29 mai 2013 devant les portes du site d'Eurial à La Crèche, dans les Deux-Sèvres, à l'appel des syndicats caprins. La manifestation n'était pas aussi géante qu'annoncé, puisqu'ils n'étaient qu'une soixantaine. Mais trois ans de mobilisation incessante pour rappeler la crise que traverse leur production sans aucune retombée concrète a fini par épuiser même les plus motivés.
Depuis des mois, les producteurs demandent une revalorisation du prix du lait de 120 €/1.000 l, la seule façon selon eux de pouvoir reprendre pied. François Bonnet, président de la Fédération régionale (Poitou-Charentes et Vendée) des syndicats caprins (Fresyca), a rappelé les baisses successives, 40 €/1.000 l en 2011, autant en 2012, tandis que les coûts de production augmentaient dans le même temps de 80 €/1.000 l.
Des éleveurs baissent les bras et cessent l'activité. Ils auraient été 25 l'an dernier sur le seul département des Deux-Sèvres. Les effets sur la collecte sont désastreux : elle a chuté de 15 % en un an dans la région, tandis que les importations en provenance de l'Espagne et des Pays Bas progressaient de 46 %. Une situation que les éleveurs jugent aberrante.
C'est dans ce contexte plus que morose que sont tombées les recommandations du médiateur du ministère de l'Agriculture : une augmentation du prix payé aux éleveurs de 60 €/1.000 l. Un montant qui serait permis par l'acceptation par la grande distribution d'une hausse des prix à la consommation.
Même si la somme avancée ne représente que la moitié de ce que demandent les éleveurs, l'annonce a fait l'effet d'une bouffée d'oxygène. « C'est une avancée significative et une reconnaissance de la crise par le ministère », observe-t-on à la Fresyca. Terra Lacta s'engage à respecter la consigne et accordera dès juillet une augmentation de 30 à 40 €/1.000 l, puis davantage à la fin de l'année pour atteindre sur neuf mois les 60 € demandés par le médiateur.
Cependant, les producteurs restent circonspects. En effet, selon des rumeurs persistantes, d'autres laiteries n'auraient pas l'intention de rétrocéder aux éleveurs ce geste des GMS, mais compteraient en conserver une partie. S'il en était ainsi, cela pourrait réveiller à nouveau leur colère.