Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a dénoncé mardi l'«attitude suicidaire de la Commission européenne qui n'entend que le langage ultralibéral», au lendemain du Conseil des ministres européens de l'Agriculture. Ces derniers ne sont pas parvenus lundi à un accord sur les moyens de faire face à la crise du lait.
J.-M. Lemétayer a déploré que la Commission n'ait pas entendu «les messages forts» lancés par «seize ministres» de l'Agriculture qui ont demandé «de remettre en place un certain nombre d'éléments de régulation du marché pour soutenir les producteurs qui subissent une crise sans précédent».
A la veille d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy, il «dénonce cette attitude suicidaire de la Commission européenne [...] et d'un certain nombre de pays qui pensent que la seule loi qui vaille est celle du libre marché, ce qui est dramatique pour l'avenir des producteurs de lait et même d'autres productions».
Lundi, lors d'une réunion à Bruxelles, les 27 ministres de l'Agriculture de l'UE n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur les moyens de répondre à la crise que traversent les producteurs de lait. Seize d'entre eux, emmenés par la France et l'Allemagne, sont partisans d'une nouvelle forme de régulation pour protéger le secteur, les autres prônant la libéralisation.
J.-M. Lemétayer, lui-même éleveur laitier, juge qu'une grève du lait, qui pourrait être déclenchée jeudi à la demande de l'EMB (European Milk Board), serait une «aberration». «Je ne me sens pas capable de traire mes vaches le matin et de jeter le lait. Et je ne crois pas que c'est par la grève du lait qu'on infléchira la position européenne», a-t-il expliqué.
Du côté de Jeunes Agriculteurs (JA), on estime qu'«entre disparaître ou désobéir en s’organisant eux-mêmes, les producteurs ont choisi».
«La dérégulation n’entraîne aucune économie véritable. Rien ne la justifie aujourd’hui, a lâché William Villeneuve, président de JA, dans un communiqué du 8 septembre 2009. Puisque l’on ne peut pas compter sur l’Europe et ses représentants pour nous soutenir, à nous producteurs de nous organiser nous-mêmes.»
Il s'est insurgé: «L’Allemagne et la France ont tenté de faire passer le projet de la régulation et de la contractualisation, sans succès. En voulant avec la plus grande rigidité du monde faire respecter les résultats du bilan de santé de la Pac, la commissaire à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, oblige les producteurs laitiers européens à accomplir l’impossible: produire à prix bradé du lait de haut de gamme (car respectueux des contraintes et des normes sociales et environnementales françaises et européennes) sans même que le consommateur soit gagnant au final!»
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