Que peut faire l'Union européenne face au défi alimentaire mondial? C'est à cette question qu'a cherché à répondre le Conseil économique, social et environnemental (CESE), jeudi au cours d'une conférence internationale à Paris.
Le CESE a retenu plusieurs pistes, exposées par Seppo Kallio, vice-président du Comité économique et social européen et rapporteur de l'avis «l'UE face au défi alimentaire mondial»: analyser les conséquences à long terme de notre Pac, donner la priorité à la production alimentaire par rapport à la production d'énergie et à l'agriculture vivrière, conserver des régulations pour avoir un marché mondial alimentaire le plus stable possible, développer de nouvelles technologies adaptées, y compris les OGM, garantir la sécurité d'approvisionnement au niveau européen en intrants et produits, la communauté internationale doit investir financièrement dans la production alimentaire, renforcer la productivité agricole et les rendements.
L'économiste Michel Griffon a insisté sur cette dernière recommandation. «La recherche est le seule issue possible pour résoudre les questions techniques. Depuis 20 ans, il n'y a plus d'investissements dans l'agriculture, a-t-il expliqué. Il faut inventer un nouveau modèle technologique surtout pour les pays africains, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient». «Ce ne seront pas les mêmes solutions que pour la première révolution verte, car les contraintes sont différentes: moins d'eau, dangers des intrants en fortes quantités ou encore prix de l'énergie en hausse.»
L'Europe est le premier donateur mondial pour l'aide au développement, au niveau communautaire et des Etats. «Par manque de politique volontariste, l'agriculture est passée à la trappe», a cependant accusé Bernard Bachelier, président de Farm (Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde).
Deux raisons à ce «gâchis» selon lui: l'aide publique ne va pas à l'agriculture et pour qu'un dossier agricole aboutisse, les procédures sont complexes et longues. Il a rappelé à ce propos que le milliard d'euros promis par l'Europe pour l'achat d'intrants et le lancement des projets de développement agricole n'est toujours pas débloqué. «L'idée n'est pas oubliée, des décisions pourraient être prises d'ici à la fin de l'année», a répondu Catherine Combette, de la DG de l'agriculture de la Commission européenne.
Le développement agricole passera également comme en Europe par le remplacement des travailleurs par les machines, où les agriculteurs sont passés de 60 à 3% de la population. «Pour s'équiper, il faudrait que les prix soient stables, a insisté Bernard Bachelier, sinon comment encourager les agriculteurs? Aujourd'hui, moins de 5% ont accès au crédit dans les pays du Sud.»
«Nous sommes en crise alimentaire, même si c'est la crise financière et bientôt économique qui occupe le devant des médias», a ajouté Hervé Lejeune, de la FAO.