Le principe de base de la gestion volumétrique de l'irrigation, qui existe dans la Beauce depuis 1999, devrait être définitivement enterré en 2008. Jusqu'ici, les irrigants avaient la garantie de pouvoir utiliser tout au long de la campagne le quota attribué en début d'année selon le niveau de la nappe, indépendamment de l'état des rivières exutoires. Désormais, ce quota ne sera que provisoire.
En fonction du débit des rivières, des restrictions estivales par bassin pourront intervenir. Pour éviter cela, la Diren (direction régionale de l'environnement) du Centre juge préférable d'attribuer d'emblée des volumes faibles.
«En 2008, il y a une chance sur deux d'avoir des arrêtés relatif à la sécheresse si les quantités allouées restent identiques», estime Claude Gitton, responsable du service de l'eau et des milieux aquatiques. «En revanche, si ces volumes sont plus faibles, on augmente les chances de tenir jusqu'à la fin de la campagne», ajoute-t-il.
Le nouveau système de gestion de l'irrigation proposé par la Diren prévoit trois régions fonctionnant de façon autonome: Beauce centrale, Beauce blaisoise et Fusain-Montargois. Les volumes attribués devraient être respectivement de 331, 43 et 46 millions de mètres cubes. Il s'agirait d'une baisse globale de 20% par rapport au système précédent.
Pour la partie centrale de la nappe de Beauce, les irrigants pourraient se voir attribuer un coefficient de 0,45, c'est-à-dire pouvoir utiliser seulement 45% du volume de référence historique. «Pour certaines exploitations, cela ne passera pas», déplore Jean-Marc Leluc, président du syndicat des irrigants du Loiret. En 2007, le coefficient est déjà passé de 0,9 à 0,65 car le second seuil d'alerte de la nappe a été franchi.
Pour les irrigants situés en périphérie, où les rivières exutoires sont nombreuses, les restrictions pourraient être encore plus importantes. En Beauce blaisoise (Loir-et-Cher), le coefficient est passé au cours de ces trois dernières années de 0,955 à 0,6 puis à 0,5. Une nouvelle baisse est envisagée.
«Nous incitons les irrigants à être prudents dans leurs choix d'assolement pour ne pas être handicapés en cas de réduction draconienne du volume accordé», anticipe Pierre Cormier, président de la commission des irrigants.