Développer l'offre en eau, essentiellement par la création de retenues, et ajuster la demande en eau des agriculteurs : voilà ce que préconisent les auteurs du rapport « Eau et Agriculture » du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publié le 12 novembre.
Les auteurs font le constat que « l'agriculture irriguée est en difficulté. Elle est critiquée, même lorsque la ressource n'est pas limitante, pour un usage de l'eau ressenti comme excessif ». Cependant, précise le CGAAER, cet usage de la ressource peut générer une dégradation du milieu naturel lorsque ce dernier subit des étiages déjà naturellement sévères. L'amélioration des milieux recherchée par les textes européens peut donc rentrer en concurrence avec l'irrigation.
« Une politique quantitative de l'eau prenant en compte les besoins agricoles, telle qu'elle se dégage des travaux du CGAAER mais aussi de nombreux autres rapports parlementaires, du MEDDE (ndlr : ministère de l'Ecologie), ou de publications scientifiques doit viser à la fois :
• le développement de l'offre en eau, essentiellement par la création de retenues d'eau : il s'agit de créer des retenues de substitution qui permettront de stocker de l'eau d'hiver pour l'utiliser en période d'irrigation, en substitution aux prélèvements estivaux effectués dans le milieu. Pour mettre en œuvre ces projets, une approche territoriale structurée est à diligenter avec tous les acteurs locaux et sous la maîtrise d'ouvrage des collectivités territoriales. L'intervention forte de la puissance publique et le financement des Agences sont légitimes sous l'angle économique et social, comme sous l'angle environnemental.
• l'ajustement de la demande en eau par les agriculteurs. La connaissance de la valorisation économique de l'eau par les différentes filières agricoles est un élément susceptible d'optimiser la répartition de la ressource. L'efficience des moyens d'irrigation et leur pilotage par une agriculture de précision constituent également des méthodes à développer, tout comme l'adaptation des systèmes de culture, le décalage des dates de semis, la sélection variétale, l'agroécologie. »
Cette double approche doit s'effectuer à l'occasion de projets territoriaux portés par les collectivités, rappelle le CGAAER, et en premier lieu les régions dont cela devient une compétence majeure. L'État doit initier, favoriser, stimuler et encourager ce type de démarche qui doit être largement financée par les agences.