Alors que les irrigants subissaient des restrictions en série, les attaques à leur encontre se sont multipliées. Ils ont été montrés du doigt par des associations de protection de l’environnement, la Confédération paysanne ou la Fédération de pêche en Charente.
Plus localement, des panneaux les assimilant tout bonnement à la mafia ont fleuri aux abords de villages. Et il est arrivé à des irrigants de retrouver leurs vannes fermées vraisemblablement par des opposants mal intentionnés.
Une lettre ouverte d’élus des Verts de la Région aux préfets est venue accroître encore les tensions. Le fait est qu’elle ne faisait pas dans la dentelle: «Les pénuries d'eau […] doivent aujourd'hui plus au déséquilibre causé par la surconsommation liée à l'irrigation des monocultures de maïs intensif qu'aux aléas météorologiques.» Les irrigants y étaient accusés en bloc de l’assèchement des rivières, de la détérioration des nappes phréatiques et l’augmentation des niveaux de pollution, rien moins.
«Enfin, le pire est que cette situation fait régulièrement peser de possibles menaces sur l'approvisionnement en eau potable.»
Quelques maires ont bien tenté de contrer l’assertion en soulignant que l’eau potable n’était en rien menacée; peine perdue, le mal était fait. Les irrigants de la Vienne ont vu dans la manœuvre une première étape dans la campagne des élections régionales et ont choisi de ne pas répondre à la provocation.
Dans la Charente-Maritime, en revanche, tous les présidents d’Asa (association syndicale autorisée) se sont réunis pour dire les efforts consentis au cours des dix dernières années. Cet été, dans les principaux bassins versants, la part qu’ils ont réellement prélevée va de 40 à 65% des volumes attribués. Ils soulignent aussi que les surfaces en maïs ont diminué de 30% au cours des trois dernières années.
Plus grave encore, des cultures sous contrat leur échappent désormais, notamment pour la production de semences. «Des coopératives préfèrent faire produire le maïs ou les semences sur d’autres départements où les approvisionnements en eau sont garantis», souligne un irrigant. Le salut passe, selon eux, par l’aménagement de réserves.
Peaufiner la communication Si le message est le même partout, le ton diffère d’un département à l’autre. Dans la Vienne, les irrigants se font épauler par des communicants qui les ont aidés à adoucir leur message. Ailleurs, le ton est souvent péremptoire, parfois même agressif. Plus difficile alors de faire entendre le message. A l’échelle régionale, un vaste recensement des emplois générés par l’irrigation est en cours, bassin par bassin. Le but est de montrer son poids socio-économique pour une meilleure prise en compte par l’Administration. |