Des millions de litres de lait ont été épandus vendredi dans l'Ouest et ailleurs par les producteurs en grève qui avaient promis une «journée blanche», tandis que le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire multipliait les contacts pour apaiser leur colère.
Près du Mont Saint-Michel (Manche), les tracteurs étaient de 250 (selon les gendarmes) à 300 (selon les organisateurs), et ont épandu «de 1 à 2 millions de litres» (gendarmes), plus de 3 millions (organisateurs). L'épandage a eu lieu au lieu-dit Ardevon, près de la commune de Tanis.
En Loire-Atlantique, environ 500 producteurs de lait également venus des départements voisins se sont rassemblés vendredi dans un champ au nord de Nantes, où ils ont déversé un million de litres de lait, selon les organisateurs.
Dans le Finistère, 1.000 agriculteurs venus avec 110 tracteurs selon la police, 150 selon les manifestants et remorquant chacun une tonne se sont regroupés à Pont-de-Buis-Lès-Quimerc'h, pour épandre 1,1 million de litres de lait (1,5 selon les manifestants) dans un champ de 24 hectares. Selon les manifestants, de nombreux éleveurs non grévistes ont participé à la collecte pour cet épandage de lait. Le président de la Chambre d'agriculture du Finistère, Jacques Jaouen (FDSEA), opposé à la grève du lait, était présent sur place.
En Seine-Maritime, des éleveurs soutenus par la Coordination rurale ont épandu vendredi après-midi 150.000 litres de lait dans un champ à Lindebeuf, dans le Pays de Caux.
Dans le Pas-de-Calais, des éleveurs ont déversé près d'un million de litres de lait dans un champ à Desvres, près de Boulogne-sur-Mer.
Dans le Gers, 17 tonnes de lait ont été épandues par quelque 80 producteurs, dans un champ près d'une usine Danone située à Villecomtal. D'autres épandages massifs ont eu lieu notamment dans le Finistère et en Loire-Atlantique.
A Pau, des producteurs laitiers se sont rassemblés vendredi devant la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, devant laquelle certains ont déchiré leur carte d'adhérent à la FDSEA pour protester contre la position de ce syndicat sur la «grève du lait», a-t-on appris auprès de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli).
Selon Guy Pebayle, délégué de l'Apli dans le département, environ «150» producteurs se sont rassemblés. Quelques cartes d'adhérents à la FDSEA ont été déposées ainsi qu'«un gros paquet de demandes d'arrêts des prélèvements mensuels des cotisations syndicales à destination de la FNPL», a expliqué, Guy Pebayle, délégué de l'Apli pour les Pyrénées-Atlantiques.
«Nous ne voulons plus être prélevés par ceux qui sont censés nous défendre et qui le font mal c'est pour cela que nous avons décidé de couper la vanne financière», a-t-il ajouté.
A Bardos, où 100.000 litres de lait ont été déversés, des adhérents grévistes de la FDSEA ont également détruit leur carte d'adhérent, a-t-on appris de source syndicale.
Par ailleurs, dans le Lot-et-Garonne quelque «250 producteurs de lait» ont déversé plus de «200.000 litres de lait» à Saint-Pastour, a indiqué Didier Galinou, un responsable local de l'Organisation des producteurs de lait (OPL).
Dans la Loire, plusieurs dizaines d'agriculteurs ont vidé les rayons de produits laitiers d'un hypermarché à Mably, près de Roanne, vendredi matin, pour les distribuer aux clients et les livrer à des associations caritatives. L'action lancée à l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), qui a rassemblée 30 manifestants selon la police, 60 de source syndicale, s'est déroulée sans violence. Le préjudice atteint les 100.000 euros selon la grande surface qui a fait établir un constat d'huissier, a assuré une source policière.
La grève du lait «va se résoudre au plus tard en début de semaine prochaine, mais il faut tenir le coup, enfoncer le clou», a indiqué Pascal Massol, président de l'Association des producteurs laitiers indépendants (Apli) qui appelle à la grève. «Tous les verrous sont en train de sauter», a-t-il ajouté, en marge de l'épandage du Mont Saint-Michel.
Vendredi, Bruno Le Maire a reçu les professionnels de la filière avec lesquels il a notamment essayé d'estimer l'impact de la grève lancée il y a un peu plus d'une semaine.
«Il est difficile de connaître les chiffres mais selon des éléments provisoires (...), la baisse de la collecte de lait est de l'ordre de moins de 10% sur l'ensemble du territoire français», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Il a assuré qu'il n'y avait «pas de problèmes d'approvisionnement des industries laitières».
Les chiffres, selon qu'ils émanent des industriels et syndicalistes non grévistes ou des producteurs favorables au mouvement, sont extrêmement contrastés, allant de «5 à 10%» à «plus de 50% de grévistes».
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