Les agriculteurs et les retraités agricoles qui faisaient leurs achats à la fin de mai au magasin Leclerc de Granville (Manche) ont eu la surprise de voir leur carte de fidélité rejetée à la caisse. Ils étaient dirigés vers le point d’accueil pour se voir remettre une lettre signée du directeur Didier Levionnais, également surprenante.
«Le monde agricole nous a démontré par sa violence verbale et par sa manifestation à bloquer uniquement notre magasin sur le canton granvillais, à quel point la haine et le dépit l’emportent sur notre enseigne E. Leclerc. Vous comprendrez que nous ne pouvons continuer à privilégier par notre carte, une corporation professionnelle qui nous reproche, sans fondement, les problèmes européens du lait», écrit le responsable du magasin.
La FDSEA et Jeunes Agriculteurs de la Manche ont tout de suite dénoncé «cette inacceptable discrimination». «C’est une manière de faire d’un autre temps, à la limite du délit de faciès», ajoute Hervé Marie, secrétaire général de la FDSEA et président de la section laitière.
Les deux syndicats demandent à Didier Levionnais de «présenter des excuses publiques à l’ensemble des agriculteurs et retraités de l’agriculture, et de rendre leur carte de fidélité à ceux qui le souhaitent».
Ils ont également décidé de saisir la commission nationale informatique et liberté (Cnil) et la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) pour «utilisation abusive d’informations personnelles».
Au niveau national, l’enseigne E. Leclerc rappelle qu’elle est un mouvement d’adhérents indépendants: «La décision du magasin de Granville est une initiative isolée sur laquelle nous n’avons pas de commentaire à faire.»
Contacté, Didier Levionnais n’a pas souhaité répondre aux questions de La France Agricole.